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Catégorie : Inclusion & égalité

« La diversité est le premier levier de performance de l'entreprise », Thomas Delano du BCG

L’identité sexuelle ou de genre reste un sujet tabou au travail. Et pour les personnes concernées, c’est même une source de discrimination. Comment faire changer les choses et construire un monde du travail vraiment inclusif ?

3 septembre 2021 · Temps de lecture : 1 min

LGBTQ+  et boulot, c’est quoi le rapport ?

Aujourd’hui, seulement 43% des membres de la communauté LGBTQ+ vivent ouvertement leur identité au bureau. On pourrait se dire que parler de son orientation sexuelle ou de genre n’a rien à faire dans l’open-space. Et se contenter d’ignorer le sujet. Sauf que nous ne sommes pas des robots et que l’entreprise est aussi un lieu de socialisation. Et c’est là que ça coince.

Le lundi matin, quand tout le monde est autour de la machine à café, on entend le classique « Et toi, t’as fait quoi ce week-end ? ». Pour les personnes de la communauté LGBTQ+, le moment sympa entre collègues devient une galère. Pour celles et ceux qui ne sont pas ouvertement out mais en couple, une seule solution : mentir. Certains mentent par omission, en usant et abusant des périphrases du style « ma moitié ». D’autres préfèrent changer le genre de leur partenaire. C’était le cas d’Armelle, une femme lesbienne qui confie à France Inter avoir longtemps parlé de Paulo à ses collègues, au lieu d’évoquer sa compagne Anna-Paula. « Et ça prend une capacité mentale absolument hallucinante », explique Thomas Delano, partner au Boston Consulting Group et qui travaille sur les questions d’inclusivité au sein du groupe Pride @BCG. 

Des discriminations toujours présentes au bureau

En 2018, d’après le baromètre Out @ Work du BCG et TÊTU, 80% des jeunes talents LGBTQ+ comptaient faire leur coming out pro à la sortie de leurs études. Finalement, ils ne sont que 50% à le faire. Et c’est pour une bonne raison. L’étude indique ainsi que 60% des personnes LGBTQ+ ont déjà été discriminées au travail à cause de leur orientation sexuelle ou de genre.

Avec 1 590 crimes et délits anti-LGBTQ+ recensés par l’Observatoire des Inégalités en 2020, la communauté LGBTQ+ continue d’être victime de violences. Mais au travail, elles se font bien plus subtiles, comme l’explique Thomas Delano qui rappelle que les cas graves doivent être rapportés aux autorités. Sauf que la plupart du temps, au bureau, « on est dans une zone grise ». Les sentiments de mise à l’écart, les promotions qui se font plus rares et un environnement de travail non-sécurisant font partie de ces petites discriminations professionnelles à l’encontre des personnes LGBTQ+.

Les entreprises peuvent être des alliées de taille

Alors comment faire pour que tout le monde se sente bien en entreprise ? Pour Thomas Delano, les alliés et alliées « ont un rôle ultra-important à jouer ». C’est par exemple, beaucoup plus simple pour un allié de dire qu’un mot ou une blague est déplacée et dérangeante que pour la personne concernée.

Les entreprises aussi ont leur rôle à jouer. Pour l’expert du BCG, deux actions sont essentielles : 

  • S’assurer que le top management parle de ces sujets. Et il y a plein de moyens de le faire. À travers des programmes de formation pour les managers - comme chez Criteo - ou des ajustements au niveau des mutuelles - dans certains pays, Facebook rembourse la PMA et la GPA.
  • Avoir des role models au sein de l’entreprise. Des talents qui ont réussi à gravir les échelons de la boîte tout en étant ouvertement out font partie des critères pour repérer une entreprise vraiment LGBTQ+-friendly.

Et elles tout intérêt à l’être

Même les chiffres montre que les entreprises ont carrément intérêt à être diverses et inclusives. Celles qui le sont performent mieux que les autres. En moyenne, elles affichent 9 points de profitabilité de plus que les autres. « C’est le premier levier de performance de l’entreprise, » conclut Thomas Delano. En résumé : c’est bon pour les salariés et c’est bon pour l’entreprise. Et pour toute la société.