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Catégorie : Inclusion & égalité

Réagir face au sexisme au travail

Le sexisme persiste et n’épargne pas le monde professionnel. L’association Balance Ton Stage sensibilise les étudiants au sexisme au travail.

13 juin 2022 · Temps de lecture : 1 min

5 ans après la première vague #MeToo, les dénonciations d’actes sexistes continuent. Selon le Baromètre Sexisme du Haut Conseil de l’égalité, 78% des Françaises ont vécu un acte sexiste ou ont reçu des propos sexistes. Alors que le Code du Travail pénalise ces agissements discriminants, ils continuent d'être dénoncés dans les milieux professionnels. 

Reconnaître le sexisme au travail 

Théorisé dans les années 1960, le sexisme est une attitude discriminatoire fondée sur le genre. Ce terme décrit le mécanisme de domination exercé par un genre qui se positionne intrinsèquement supérieur à l'autre. Il touche principalement les femmes. Dans le quotidien, le sexisme peut prendre plusieurs formes : blagues, connotations, réactions obscènes voire harcèlement sexuel. Les comportements sexistes peuvent exister aussi bien dans le cadre privé que professionnel. Le Haut Conseil de l’égalité a publié en mars 2022 son premier baromètre sexisme. Ce rapport montre que près de la moitié des Françaises ont déjà été victimes d’actes ou de propos sexistes au travail. 

Le sexisme ordinaire au travail 

Il arrive que le sexisme soit parfois tellement intégré dans le quotidien ou la culture d’une entreprise,  qu’il est difficile à reconnaître. C’est ce qu’on appelle le sexisme ordinaire.  Les stagiaires et les alternantes sont aussi concernées. Agathe, étudiante et cofondatrice de l’association Balance Ton Stage sensibilise les étudiants contre le sexisme au travail. Selon elles, les victimes n’osent pas signaler ces comportements pourtant répréhensibles par la loi. Après avoir réalisé une enquête interne au sein de leurs écoles, ils ont obtenu plusieurs résultats :  «  6% des étudiants avaient décidé d'en parler à l'école, 23% seulement en avaient parlé à l'entreprise, 0% avait porté plainte » explique-t-elle.

Comment agir face au sexisme 

Sous le coup de la surprise ou par lassitude, certaines personnes choisissent le silence ou l’ignorance. Quand on est victime de sexisme, il y a différentes manières de réagir. Selon Agathe, on peut commencer par montrer son désaccord à la personne à l'origine de ces propos : « on va pouvoir montrer qu'on est mal à l'aise grâce à de la communication non verbale, hausser les yeux, froncer les sourcils, faire une moue, reculer la tête ». Une autre possibilité est d’utiliser certaines astuces verbales.  « En disant : ce que tu viens de dire, ça me met mal à l'aise, ça n'a pas sa place dans le monde du travail, donc je te demanderai de ne pas recommencer » ajoute l’étudiante. On peut également demander de reformuler, répéter ou faire un rappel à la loi.

Se protéger 

 « Si on est victime d'harcèlement sexuel, d'agression sexuelle, voire de viol. Là, la première chose à faire, c'est de se protéger, c'est de s'entourer ». Ces trois actes sont pénalement condamnés par la loi. Si vous êtes victime d'outrage sexiste ou sexuel au travail,  les faits peuvent être signalés aux représentants du personnel et au comité social et économique (CSE).  Si vous travaillez dans la fonction publique, vous pouvez alerter en utilisant le dispositif obligatoire de signalement des actes de violence, de discrimination, de harcèlement moral ou sexuel et des agissements sexistes. Vous avez également la possibilité de porter plainte ou de demander une sanction aux employeurs. 

Aider les victimes 

En tant que témoin, vous pouvez venir en aide à la victime. La cofondatrice de Balance Ton Stage recommande de montrer son soutien :  « par exemple, il peut venir dire à la victime j'ai vu ce qui s'est passé, c'est pas normal. Est-ce que tu veux m'en parler ? Et on va trouver une solution ensemble ». Un accompagnement qui, selon elle, peut aider la victime à en parler, libérer la parole et se faire aider.   

La responsabilité des entreprises

L’accompagnement des victimes de sexisme au travail passe aussi par l’entreprise. Selon l’article L. 1153-5 alinéa 1 du code du travail, « l’employeur prend toutes dispositions nécessaires en vue de prévenir les faits de harcèlement sexuel, d’y mettre un terme et de les sanctionner ». Les entreprises ont un responsabilité et doivent mettre en prévenir le risque de harcèlement sexuel au travail. « Ça passe d'abord par des actions de prévention, avec de la communication autour, par exemple, des contacts utiles dans l'entreprise auxquels le stagiaire ou la stagiaire peut se confier si elle est victime.» La libéralisation de la parole de la victime est d’ailleurs un enjeu majeur. Les mouvements Me Too ou Balance Ton Porc ont permis une libération de la parole. Un élan qu’Agathe de Balance Ton Stage confirme en rappelant que chacun à son rôle à jouer : « la parole a toujours un peu été là, mais qu'il  y a aussi un besoin de libérer l'écoute. Et donc, sans une prise de conscience de la part des entreprises et des écoles et sans une communication adaptée sur le sujet, la parole des victimes ne pourra pas être totalement prise en compte ».