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GreenComp : identifier et intégrer les compétences vertes dans le recrutement

  • mercredi 20 mars 2024
  • Noémie Kempf

Le GreenComp : un référentiel de compétences pour le développement durable, promettant d'améliorer le processus de recrutement en Europe.

Il y a quelques années, l’OCDE (l'Organisation de coopération et de développement économiques) déclarait que la durée de vie moyenne d’une compétence technique (ou d’un savoir-faire) était passée à 2 ans, contre 30 ans en 1987. 

Face à ce constat - et à la complexification du marché du travail, les responsables des ressources humaines se sont adaptés : la traditionnelle GPEC (Gestion Prévisionnelle des Emplois et Compétences) a laissé la place à la GEPP (Gestion des Emplois et des Parcours Professionnels). Un changement de cadre juridique mais aussi sémantique, qui ne doit rien au hasard : identifier des compétences spécifiques essentielles aux employeurs est un exercice de plus en plus périlleux. Désormais, on préfère parler de parcours professionnel

Ces parcours sont d’ailleurs en perpétuelle évolution : chaque année, de nouveaux métiers émergent, tandis que d’autres connaissent un inexorable déclin. À titre d’exemple, sur la plateforme JobTeaser, ces 5 dernières années, les métiers de la RSE et de l’impact ont connu une croissance de plus de 420 % et 730 % respectivement pour les profils managers et ingénieurs ! 

Mais il n’est pas si simple pour les entreprises de s’appuyer sur des grilles de recrutement précises et de recruter sur les métiers émergents, dont les contours encore jeunes sont parfois mal définis…

C’est dans ce cadre de « crise de la compétence » que la Commission Européenne a développé, courant 2022, un référentiel européen de compétences en matière de développement durable, appelé GreenComp, qui s’apprête à venir enrichir la stratégie de recrutement des employeurs européens ! 


GreenComp : un référentiel pour accompagner la transition écologique

Le référentiel GreenComp s’inscrit dans la lignée du Green Deal européen (ou pacte vert), qui vise à rendre l’Europe climatiquement neutre d’ici 2050. Dans ce contexte, GreenComp ambitionne de promouvoir l’apprentissage de la durabilité environnementale, en proposant une grille d’identification et de lecture des compétences nécessaires à la transition écologique - autrement dit, de compétences dites « vertes ».

Conçu pour soutenir les programmes d'éducation et de formation pour l'apprentissage tout au long de la vie, GreenComp s'adresse à tous les apprenants, quel que soit leur âge et leur niveau d'éducation. Le modèle intègre 4 domaines de compétences qui sont interdépendants : 

  • incarner les valeurs de durabilité ;
  • embrasser la complexité dans la durabilité ;
  • envisager des avenirs durables ;
  • agir pour la durabilité.


Sur quelles compétences en développement durable recruter en priorité ? 

La création du référentiel GreenComp n’est pas anodine. Au contraire, elle envoie aux recruteurs un message fort : les compétences clés de la durabilité s’apprêtent à devenir de plus en plus importantes pour les employeurs - quel que soit le marché au sein duquel ils opèrent et les métiers sur lesquels ils s’appuient.

Ce qu’elle sous-tend aussi, c’est que les responsables RH doivent désormais comprendre et intégrer ces nouvelles compétences dans leurs stratégies de recrutement. Mais concrètement, quelles sont-elles ? 


Les 12 compétences vertes de demain

La Commission Européenne identifie un total de 12 compétences, réparties entre les 4 domaines mentionnés précédemment. 

Pour l’incarnation des valeurs de la durabilité, on retrouve les enjeux de :

  • valoriser la durabilité : reconnaître et mettre en avant les aspects durables dans les activités professionnelles. Par exemple, en favorisant l'adoption de pratiques éco-responsables au sein d’une l'équipe ; 
  • soutenir l'équité, en veillant à ce que les initiatives ne créent pas de disparités dans l’entreprise ; 
  • promouvoir la nature.

En ce qui concerne l’intégration de la complexité du développement durable, les compétences identifiées sont : 

  • la pensée systémique - autrement dit, la capacité pour les travailleurs de considérer l'ensemble des parties prenantes et des interconnexions dans leur métier ;
  • la pensée critique pour analyser de manière critique les choix et les actions, favorisant des décisions éclairées et durables ;
  • la formulation des problèmes de manière claire et objective, pour les résoudre efficacement malgré leur éventuelle complexité. 

Lorsqu’il s’agit d’envisager un avenir durable, on retrouve les compétences suivantes :

  • compréhension des enjeux d'avenir (‘futures literacy’) - ou la capacité d'analyse des scénarios futurs, pour ajuster leurs actions en conséquence et favoriser la durabilité ;
  • capacité d'adaptation pour répondre de manière flexible aux évolutions d’un marché, de technologies ou encore de réglementations ;
  • réflexion exploratoire, prospective - afin de prendre des décisions contribuant à des futurs durables.

Enfin, les compétences liées à l’objectif d’action pour la durabilité sont :

  • l'action politique, pour accompagner des changements durables aux niveaux politique et organisationnel ;
  • l’action collective, afin de fédérer des acteurs et des partenaires divers autour des enjeux du développement durable (à l’échelle de l’entreprise, mais aussi de son écosystème) ;
  • l'initiative individuelle, pour promouvoir la durabilité au sein de l'entreprise.

Ces compétences entrent en forte résonance avec les résultats d’une récente analyse des offres d’emploi publiées ces dernières années sur la plateforme JobTeaser. En effet, en 2023, parmi les soft skills les plus recherchées par les recruteurs, figuraient notamment :

  • le dynamisme (notamment pour les profils business), avec plus de 44 800 recherches enregistrées l’an dernier ;
  • la curiosité (notamment pour les profils ingénieurs), recherchée plus de 48 000 fois par les recruteurs sur la même période ;
  • l’autonomie (pour les deux types de profils), qui enregistre plus de 120 320 recherches en cumulé chez les ingénieurs et les managers !


Par ailleurs, et pour souligner l’importance de la capacité pour les jeunes talents de « la jouer collective », on observe une augmentation de 263 % du nombre de recherches depuis 2021 sur le mot clé « aptitudes relationnelles ». Un signe de plus (s’il fallait encore s’en convaincre) que le futur du travail s’inscrit dans la collaboration et le travail en équipe !


Les compétences vertes au service de la marque employeur

Intégrer les compétences vertes dans votre stratégie de recrutement peut sembler complexe, mais c’est une démarche essentielle pour maintenir un avantage concurrentiel - et renforcer votre marque employeur ! 

Selon une enquête menée par JobTeaser en partenariat avec Kantar, la raison principale pour laquelle les membres de la Gen Z sont heureux au travail est un alignement entre leur métier et leurs valeurs. 60 % des jeunes envisageraient de s’orienter vers un emploi porteur de plus de sens dans les deux ans à venir !

Prendre en compte les enjeux du développement durable dans votre grille RH n’est donc pas un luxe, mais bel et bien une nécessité… Cependant, encore faut-il comprendre comment faire de la place à ces nouvelles compétences de manière tangible au sein de votre entreprise ! 

Pour ce faire, les recruteurs peuvent envisager plusieurs pistes, en travaillant main dans la main avec les équipes métier. Les compétences vertes peuvent notamment être :

  • déployées dans le cadre de vos programmes de formation continue et dispensées sur la base du volontariat ou les enjeux de chaque travailleur ;
  • intégrées dans vos critères de recrutement de manière très concrète - à chaque entretien, vous (ou les chefs d’équipe) pouvez imaginer des questions ou des exercices pratiques permettant au candidat de justifier d’une compétence verte recherchée ;
  • reflétées dans les valeurs de votre entreprise et dans vos prises de parole ;
  • matérialisées dans vos opérations et vos processus par le biais de projets concrets, que vos salariés peuvent s’approprier et développer (sur la base du volontariat, par exemple.)

Il existe de nombreuses manières de vous approprier les compétences de demain - à vous d’identifier celles qui sont prioritaires pour votre entreprise et de définir leur place dans votre stratégie RH !