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Catégorie : Inclusion & égalité

L’apparence physique au travail, un critère de discrimination à l’emploi

Les personnes considérées comme plus belles peuvent toucher 20 % de salaire en plus que les autres. Avantage ou désavantage, l’apparence physique est le deuxième critère de discrimination. Stéphanie Rambaud, docteure en psychologie nous éclaire sur le sujet.

27 juin 2022 · Temps de lecture : 1 min

L’apparence physique, une discrimination à l’embauche  

Même si elle est punit par la loi, la discrimination à l'embauche n'épargne pas les demandeurs d'emploi. Une discrimination est une inégalité de traitement fondée sur un critère comme le sexe, l’âge, le handicap ou encore l’apparence physique. Les pratiques discriminantes sont condamnées par la loi et sont énoncées clairement par  le code du Travail qui recense 20 critères de discrimination

L’Organisation Internationale du Travail (OIT) mène régulièrement des enquêtes sur la discrimination à l’embauche. Fin 2021, elle publie la 14e édition du baromètre sur la perception des discriminations dans l’emploi. Le rapport met en lumière, une surexposition de la jeunesse face aux discriminations dans l’emploi. Chez les jeunes de 18 à 34 ans, l’apparence physique est le deuxième critère de discrimination (63%) juste après l’origine/la couleur de peau (68%). Ce motif est davantage répandu chez les jeunes que pour l’ensemble de la population active (38%). Un phénomène inégalitaire entre hommes et femmes puisqu'il est plus visible chez les femmes (29%) que chez les hommes (20%). 

Grossophobie, un critère sur-représenté 

L’apparence physique comme critère de discrimination peut prendre plusieurs formes. Parmi elles, l’obésité et le surpoids figurent comme l'une des premières causes. Selon une autre étude de l’OIT, le fait d’être obèse est perçu comme un inconvénient à l’embauche pour 85 % des femmes et 78 % des hommes. Pourtant en France, on estime environ que 17 % de la population est obèse. D’après Stéphanie Rambaud, docteure en psychologie, « on devrait retrouver au moins 10 % de personnes obèses en entreprise ». 

Ces statistiques de l’Organisation Internationale du Travail font ressortir des résultats importants pour les femmes obèses et en surpoids et les discriminations liées à l’apparence physique. Elles rapportent avoir été discriminées 8 fois plus souvent que les femmes d’IMC "normal" à cause de leur apparence physique. Tandis que les hommes obèses le déclarent trois fois plus que les hommes d’IMC "normal" . 

« Ces écarts se creusent d’autant plus lorsqu’on aborde l’élévation hiérarchique. On considère que 45 à 61 % des hommes dirigeants sont en surpoids contre 5 à 22 % des dirigeantes. Il y a donc un véritable plafond de verre pour les femmes en obésité. » ajoute Stéphanie Rambaud. 

Plus beaux et plus riches ?

Le «  physique de l’emploi  » va se fonder selon certaines « normes » de la société. Dans ce contexte, les critères de beauté peuvent influer sur l’embauche, les promotions voire même le salaire. Une étude américaine menée par des sociologues a révélé que les personnes considérées comme plus belles vont toucher 20 % de salaire en plus que les autres. D’autres enquêtes démontrent que les femmes blondes touchent  7 % de plus que les brunes. Ou encore que le maquillage influence sur la fiche de paie selon la même étude américaine. « Il faut impérativement que les entreprises luttent contre les discriminations liées à l’apparence physique en sanctionnant et en formant son personnel aux libertés et aux droits de leurs salariés » estime la docteure en psychologie. 

Evaluer les salariés sur des données objectives

Dans certains secteurs d’activité, il est possible que le recruteur énonce un code vestimentaire à suivre sans que cela soit illégal. Pour des raisons de sécurité, les métiers du BTP peuvent être soumis à un uniforme tout comme les professionnels de l'agroalimentaire par exemple. Certaines professions en contact régulier avec la clientèle peuvent être aussi soumises au port d’une tenue de travail. Mais ces contraintes doivent toujours être justifiées par la nature de l’emploi et être renseignées dans des documents officiels émis par l’employeur. 

Pour s’assurer de toute discrimination biaisé par l’apparence physique, Stéphanie Rambaud, préconise une grille d’évaluation « qui permettrait à l’employeur d’évaluer l’employé sur des données qui sont objectives lorsque cet employé demande par exemple une augmentation salariale ou une élévation dans la hiérarchie ».