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Catégorie : Inclusion & égalité

Autisme et travail : sensibiliser l'entreprise aux syndromes Asperger

L’autisme et la vie professionnelle ne sont pas incompatibles. Aujourd’hui parmi les 700 000 autistes en France, seulement 5% à 10% des autistes adultes ont un emploi. Lali Dugelay, autiste Asperger, nous en parle.

14 avril 2022 · Temps de lecture : 1 min

En France, on compte environ 700 000 personnes présentant un trouble de spectre de l’autisme (TSA). On distingue différentes formes d’autisme, parmi elles le syndrome Asperger. Les autistes Asperger ne présentent aucune déficience intellectuelle mais se caractérisent par un déficit du sens social. Lali Dugelay, fondatrice de l’association Aspie At Work, sensibilise le monde du travail à l’autisme Asperger et nous rappelle que l’handicap et l'employabilité ne sont pas incompatibles. 

Le syndrome Asperger, un déficit du sens social

Le syndrome d’Asperger se différencie des autres formes d’autisme par un développement normal des capacités intellectuelles et de langage, associé à une difficulté de capacité à la vie sociale. Les principaux obstacles rencontrés par la personne Asperger se situent au niveau de l’habileté conversationnelle et des règles informelles de la vie sociale. Par exemple, elles vont se traduire par une incapacité à déceler les non-dits, l’implicite ou encore  les sous-entendus. « Si les choses ne sont pas clairement énoncées et posées, on va se perdre dans la compréhension et on risque de traiter l’information à côté de ce qu’on attend de nous » explique Lali Dugelay, elle-même atteinte du syndrome. 

L’entretien d'embauche est la première difficulté à l’emploi

Malgré les obligations légales d’accès à l’emploi des personnes en situation de handicap, le monde du travail manque encore de connaissances et de bonnes pratiques pour le recrutement des personnes autistes. Dans le cas des personnes Asperger, les interactions sociales, comme un entretien d’embauche, sont des situations qui leur demandent davantage d’effort de compréhension. « Lorsqu’on postule à un emploi, on a cette difficulté de ne pas savoir ce que veut concrètement dire la personne en face, si elle n’est pas précise. On va poser des questions semblant incongrues alors qu’il s’agit juste de préciser certains points » précise Lali Dugelay. Selon elle, sur les 700 000 personnes autistes, seuls 10 % seraient en emploi dont la majorité en temps partiel.

Un retard de diagnostic chez les femmes 

« Une femme autiste a des difficultés spécifiques du fait d’être femme » rappelle la fondatrice d’Aspie At Work. En effet, les femmes Asperger font souvent face à une errance de diagnostic pendant plusieurs années. Les critères retenus pour poser le diagnostic sont mis en cause car principalement basés sur des comportements masculins. Une pratique qui a ainsi diminué les chances de reconnaître les manifestations de l'autisme chez les femmes. Cette situation n'est pas sans conséquence sur leur vie professionnelle. « Quand un collègue ou un manager me fait des avances, je ne l’ai pas détecté. Ça m’a mise dans des situations compliquées de harcèlement au travail » explique-t-elle. Elle recommande une sensibilisation des effectifs aux caractéristiques des personnes autistes. 

Les forces professionnelles des profils Asperger 

Lali Dugelay nous rappelle également que l'autisme est une force en entreprise. Comme beaucoup de syndromes d'Asperger, elle possède une rigueur qui lui permet « de détecter des imperfections ou des erreurs dans les dossiers » et « une vision très positive et sans ses préjugés de la vie », une soft skill de plus en plus recherchée en entreprise. Pour accompagner l’accès à l’emploi des personnes autistes, il existe des associations et des structures comme l'Agefiph qui forment les référents handicap en entreprise à partager les bonnes pratiques pour créer un environnement adapté à son collègue Asperger.