Life designing : Comment concilier aspirations individuelles et vie professionnelle
Jeunes actifs, il vous faudra sans doute changer plus d'une dizaine de fois d'emplois dans votre carrière. Anxiogène ? Cette révolution en cours est l'occasion de repenser ses démarches d'orientation. Et de mieux prendre en compte ses aspirations les plus intimes, comme l'y encouragent les théoriciens du life designing.
23 juin 2025 · Temps de lecture : 1 min

Autant s'y faire, il n'y aura pas de Choixpeau magique. Rien ni personne pour pressentir vos aptitudes, définir vos envies ou révéler votre tempérament. Et encore moins pour découvrir le job de vos rêves. D'ailleurs existe-t-il seulement ? Pour Dell et l'Institut du futur, 85% des emplois de 2030 (1) restent à inventer, intelligence artificielle et robotique promettant de bouleverser le monde du travail. Sans compter la fin des carrières vissées sur la même chaise, sur le même poste de montage ou même au sein d'une unique entreprise : là encore l'heure est au grand chambardement. Les jeunes actifs changeront 13 à 15 fois de boulot au cours de leur vie (2), présage signé Pôle Emploi. Peu de chances donc que votre premier métier soit le dernier...
La quête
Dans un contexte aussi incertain, il y a de quoi se décourager avant même de chercher. A moins d'accepter que la quête ait changé : nous sommes tous plus réticents à sacrifier notre vie personnelle sur l'autel de nos carrières professionnelles. Pourquoi ne pas réconcilier les deux ? C’est le but fixé par les tenants du life designing tels que Mark Savickas (3), l'un des ses grands théoriciens. Qui proposent non plus de partir à la poursuite d'une bien incertaine vocation - tout le monde ne croise pas la route d'une toile de cinéma et d'un train déraillant (4) pour devenir Steven Spielberg - ou d'un chimérique boulot de rêve, mais de réfléchir d'abord à construire sa vie dans sa globalité.
Un modèle teinté d'optimisme et de bonnes ondes qui doit permettre à chacun, pour reprendre les mots d'Auguste Dumouilla, chercheur en psychologie de l'orientation professionnelle chez JobTeaser, « de prendre conscience de ses caractéristiques personnelles et de les développer, afin de choisir ses études et ses activités professionnelles dans toutes les conjonctures de son existence ». Première qualité de la démarche : reprendre la main sur son orientation. A la manière d'un psychologue, le conseiller pose les questions, aiguille la réflexion. Mais le life designer, celui qui bâtit son projet, c'est soi et seulement soi. Reste à savoir comment.
Le job doit être la ligne d’arrivée, pas le point de départ
S'il semble y avoir autant de méthodes que de théoriciens, on y retrouve un cheminement commun et quelques passages obligés. Qui peuvent se résumer en autant de questions à se poser : Qui es-tu ? Que veux-tu ? Que fais-tu ? Comment ? Plus dur qu’il n’y paraît ? Certes. Mais pas de panique, on vous donne quelques tips.
Plutôt que de partir de la fin (un poste envisagé, une vocation, un job de rêve) puis de s'interroger sur les moyens d'y parvenir, commencez plutôt par faire le point sur qui vous êtes. Identifiez vos talents, vos forces, vos qualités. « Connais-toi toi-même », comme dirait notre ami Socrate (souvenez-vous de vos cours de philo). Une introspection qui n'interdit pas de faire appel aux autres. Bien au contraire. Demandez à vos parents, amis, professeurs, camarades ou encore collègues comment ils vous voient. Et attendez-vous à découvrir des dons insoupçonnés, certaines de vos limites aussi.
Puis, pour aller au bout de cette exploration de soi, dressez le bilan de vos expériences passées. Et de TOUTES vos expériences, pas uniquement professionnelles. Vous vous épanouissez davantage dans un engagement associatif, une pratique sportive, ou en famille ? Faites-le savoir, le monde du travail doit s'y faire, il a de la concurrence. A moins qu'il ne s'agisse en réalité de nouveaux alliés. Vous êtes un Griezmann du dimanche ? Votre sens du collectif sera du pain bénit pour votre futur entreprise. Futur prix Goncourt membre d'un atelier d'écriture ? Votre créativité sera précieuse. Grand-frère de triplés ? Personne ne doutera ni de votre résilience, ni de votre leadership. Tout pas de côté sur un C.V. n'est plus un divertissement coupable, mais un atout à valoriser. Autant de savoir ou de savoir-faire qui témoigne de votre agilité.
Se montrer caméléon
Plus vous vous montrerez caméléon, aussi bien à l'aise devant un échiquier, sur une scène de théâtre que dans un jardin partagé, plus votre capacité à vous adapter en toute circonstance transpirera. Une qualité indispensable dans un monde où les métiers et les tâches évoluent sans cesse.
L'ultime vertu de cette exploration de soi vous éclatera aux yeux, un peu plus tard, au premier entretien d'embauche. Qu'il est plus simple de se raconter, de présenter son parcours, d'en démontrer sa cohérence quand on a précédemment fait le bilan... Calmement, en se remémorant chaque instant.
Le droit à l'utopie
Mais avant de faire face à un recruteur, ne brûlons pas les étapes. Seconde étape du life designing : Couchez sur le papier vos aspirations les plus profondes, vos envies y compris les plus enfouies, vos priorités. Ne vous interdisez rien, surtout pas les plus utopiques. Croyez en vos rêves, pour reprendre Martin Luther King. En TOUS vos rêves surtout, l'idée est d'explorer ici tous les possibles, toutes les vies qui vous attirent. Puis projetez-vous dans tous les scénarii - cela peut passer par des techniques de cartes mentales (5) ou de visualisation, évaluez-les en profondeur. Le meilleur moyen de s'éviter tout regret dans le futur.
Un projet riche de sens
Maintenant que vous vous connaissez sur le bout des doigts, il est temps de définir votre projet professionnel. Troisième étape. Pourquoi seulement maintenant ? L'enjeu est d'être raccord avec ses convictions éthiques, ses besoins et ses envies. De trouver un boulot riche de sens, tout simplement.
Un processus ô combien libérateur
Reste à se donner les moyens de ses ambitions. Comment passer du dessein à la réalisation ? Il vous faudra « de l'audace, de l'audace, encore de l'audace ». Interrogez ceux qui sont déjà en poste, partez en stage, testez. Trompez-vous. Rembobinez, réajustez. Car le life designing ne l'oublie pas : vos envies changent, vos attentes évoluent. Votre moi de 18 ans n'aura pas les mêmes grandes espérances, ni les mêmes illusions vingt ans après. Cette exploration de soi est une symphonie inachevée, un work in progress à mener à tous les âges de la vie.
Une pensée ô combien libératrice pour le lycéen aux prises avec l'algorithme de parcoursup, l'étudiant embarqué dans la mauvaise filière ou le salarié déprimé. Le droit à l'erreur existe, il est toujours temps de s'interroger, de se reformater et de se reconvertir.

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