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Catégorie : Portraits

« Toutes les opportunités sont bonnes à saisir tant qu’on reste raccord avec ses valeurs. »

Fondatrice de Zèta, une marque de baskets recyclées, recyclables et vegan, Laure Babin a fait de son engagement écologique le moteur de son parcours entrepreneurial. Découvrez son histoire dans cet épisode Genesis.

27 septembre 2022 · Temps de lecture : 1 min

Fondatrice de Zèta,  une marque de baskets recyclées, recyclables et vegan, Laure Babin a fait de son engagement écologique le moteur de son parcours entrepreneurial. Découvrez son histoire dans cet épisode Genesis.

Je m’appelle Laure, j’ai 25 ans et je suis la fondatrice de Zèta,  une marque de baskets recyclées, recyclables et vegan.

J’ai fait tous mes stages dans l’industrie de la mode et de la chaussure. C’est un milieu qui me passionne. Quand j’étais petite, on recevait les catalogues La Redoute à la maison. Dedans je découpais les vêtements et je les redessinais. Tout ce que je portais,l a façon dont je m’habillais, était un moyen de m’exprimer quand j’étais plus jeune. J’avais envie de travailler dans ce milieu-là, et en dernière année de master, je me suis dit : « Ok, j’ai envie de me lancer dans l’entrepreneuriat.  J’ai envie de lancer un projet à impact, ma propre marque de mode responsable ». J’ai toujours été sensible à ces problématiques-là. J’ai grandi à la campagne, entourée de champs, de vaches. Mes parents m’ont toujours élevée dans ce respect de l’environnement, de la biodiversité. 

Les premiers dessins de modèles étaient abominables. Clairement, ils n’étaient pas beaux du tout. Je les avais faits avec des feutres sur un cahier d’école. Quand on en reparle avec l’usine de fabrication au Portugal, ils se moquent de moi. Ils ont même affiché le premier dessin dans le bureau pour s’en souvenir. Mais je les garde en souvenir quand même. C’est plutôt rigolo de voir d’où c’est parti et ce qu’on a réussi à faire à partir de dessins.

 Plus qu’une opportunité, c’est une nécessité d’inclure une dimension environnementale dans l’industrie de la mode. Il faut faire attention aux conditions de fabrication, à la provenance des produits et à la traçabilité. Clairement, ce qui me motive, c’est d’avoir un impact sur l’environnement et sur les hommes. On utilise uniquement des matières recyclées, pour chacun des composants de la chaussure. Donc, on a trois kilos de déchets au total dans une paire de Zèta. Ce qui est assez original dans nos matières, c’est qu’on a utilisé, au début, du raisin, du marc de raisin, pour l’extérieur de la chaussure. Et ensuite, on s’est diversifiés avec du maïs et, dernièrement, une collaboration avec Nespresso et du marc de café. 

J’ai eu beaucoup de doutes, notamment parce que j’étais jeune. Ça a été un frein pour un grand nombre de situations. Lorsque j’ai été voir les premiers fournisseurs, je n’ai pas mentionné mon âge, ni le fait que j’étais étudiante parce que j’avais peur justement qu’ils ne veuillent pas collaborer avec moi. Le fait d’être jeune, ça a aussi été une opportunité. Je n’ai pas d’attaches, je n’ai pas de famille encore. J’étais encore en études, donc je n’avais rien à perdre, mais plutôt tout à gagner, et tout à construire, surtout.

Sortir de sa zone de confort, ça permet aussi de créer des opportunités. Clairement, quand je suis partie au Portugal et que je n’avais pas de ressources, pas de compétences, je n’étais pas rassurée du tout. J'avais même très, très peur. Mais je me suis un peu bousculée, en me disant : « va voir ce qui se passe là-bas, va voir si c’est possible ». Je visite différentes usines, j’en visite trois au total. Et la première que je rencontre, celle avec laquelle je travaille aujourd’hui, il y a un feeling incroyable. Ils comprennent immédiatement la portée du projet de réutilisation des matières, là où d’autres ne l’ont pas du tout comprise. Et ils me disent : « ok, on te suit dans l’aventure ». Un an après, ils m’informent qu’ils reçoivent beaucoup de demandes, de plein de marques différentes, des grosses marques et des start-up qui veulent se lancer. Avant de me dire : « Mais vraiment, ce qui a fait la différence, c’est que tu es arrivée, toi, toute seule et en étant une femme, on est quand même dans un milieu assez patriarcal et assez masculin, tu t’es déplacée pour venir nous rencontrer, et c’est à ce moment-là qu’on s’est dit qu’on voulait travailler avec toi ».

Il y a quelques mois, on nous a proposé d’être commercialisés sur une plateforme aux États-Unis, très, très connue. On s’est vraiment retrouvés dans un dilemme entre presque opportunité et opportunisme. On se demandait si on devait accepter cette proposition, qui nous permettrait de grandir, quitte à ne plus être en accord avec nos valeurs intrinsèques car ne cautionne pas l’expédition par voie aérienne. Ou bien est ce qu’on la refuse, quitte à perdre en visibilité. On a décidé de suivre notre ligne conductrice et de limiter notre impact carbone, et donc de ne pas accepter la proposition. 

Pour le moment, je n’ai pas encore fait tout ce que j’avais à faire avec l’entreprise et je ne me verrais pas vivre sans Zèta, clairement. Mon rêve serait qu’on réussisse à rester raccord avec les valeurs qu’on a essayé d’implémenter au début, même dix ans après.