Catégorie : International

Témoignage d’expat’ : la culture du travail en Corée du Sud

Rien ne vaut un bon témoignage pour se faire une idée. On vous livre celui de Lucile qui nous raconte son VIE de deux ans à Séoul.

26 novembre 2021 · Temps de lecture : 1 min

Vue de Séoul la nuit
Ciaran O'Brien via Unsplash

Aujourd’hui, Lucile est sportive professionnelle à Cannes. Mais avant de se consacrer pleinement au volley-ball, elle a travaillé dans la communication. De 2018 à 2019, elle a effectué un VIE en tant que Event and Communication Project Manager chez Cartier à Séoul. Avec pertinence et le recul nécessaire, elle nous raconte son expérience et sa plongée dans le monde du travail sud-coréen.

Pourquoi as-tu choisi la Corée du Sud pour ton VIE ?

Lucile : À l’époque, je travaillais déjà chez Cartier à Paris. J’avais l’envie de partir à l’étranger et je voulais faire un VIE en Asie. De préférence en Chine, car j’y ai fait un échange pendant mes études et j’avais vraiment adoré Shanghai. Mais Cartier a ouvert un VIE à Séoul. Il s’agissait en plus du même poste que j’occupais à Paris. Donc je me suis lancée.

Est-ce qu’il y a des codes différents dans la culture du travail en Corée du Sud ?

L. : Oui, comme la société coréenne, le monde du travail est ultra codifié. Il y a un sens de la discipline et de la hiérarchie hyper présent. Par exemple, on ne passe pas devant son manager dans l’ascenseur. De la même manière, on ne part pas du bureau tant que le manager n’est pas parti. Et on n’appelle pas son manager par son prénom. On s’adresse à lui en utilisant son ranking - Master 1, Master 2 - qui correspond à son rôle et son ancienneté dans l’entreprise.

Est-ce que les choses sont différentes quand on travaille dans une entreprise française en Corée du Sud ?

L. : J’avais effectivement la chance d’être dans une entreprise française, avec un n+1 français et une directrice de filiale française. C’était plus facile. Mais on n’était quand même que 4 français sur 100 salariés. Donc, c’était vraiment une culture de travail coréenne.

Le fait d’être en VIE rendait également les choses plus faciles. Par exemple, tous mes amis français en VIE à Séoul appelaient leur manager coréen par leur prénom et c’était les seuls de leur boîte à faire ça. En revanche, pour mes amis français en contrat local dans des entreprises coréennes, c’était très dur. Ils étaient soumis au régime coréen et même parfois pire.

Qu’en est-il des horaires de travail ?

L. : Les horaires de travail sont très étendus. Personnellement, je me permettais de partir à 19h quand je n’avais plus de travail. Mais là, encore mon statut d’expat’ jouait en ma faveur. Pour un Coréen, c’est impensable. Pendant mon expérience, j’ai pu observer qu’ils font des gros horaires. Ils déjeunent au bureau. Ils dînent au bureau. Ils bossent jusqu’à 22 ou 23h. Mais c’est aussi une question d’organisation et d’efficacité.

Il y a donc beaucoup de pression et de codes en entreprise. Mais pour l’ambiance entre collègues comment ça se passe ?

L. : Les gens sont très ouverts. J’ai ressenti une vraie volonté de créer des liens sur le lieu de travail. Mais le problème est que pour vraiment parler et s’ouvrir - et relâcher la pression - les salariés en Corée ont tendance à utiliser l'alcool - beaucoup et très vite. Et ensuite, le lendemain au bureau, c’est comme s’il ne s’était rien passé la veille car il ne faut pas perdre la face. Du coup, ça donnait l’impression de quelque chose d’un peu superficiel. Finalement, mes amis français comme moi, on a lié très peu de liens durables avec des collègues coréens. La pression très forte du travail a aussi un impact sur les relations entre collègues. Par exemple, le lundi matin quand je demandais à mes collègues ce qu’ils avaient fait le week-end, il y avait régulièrement des gens qui me répondaient « j’ai regardé le plafond » pour dire « je suis tellement vidé de ma semaine que le week-end je ne fais rien ». Ça m’a beaucoup surprise et ça crée une distance puisque moi je passais mes week-ends à explorer la ville en long et en large.

Tu décris une culture du travail très différente. Finalement, quel regard portes-tu sur ton expérience ?

L. : Mes deux ans à Séoul m’ont permis de vraiment découvrir la Corée et sa société. Je ne pensais pas du tout que la société était codifiée et avec autant de pression. C’est des choses que je connaissais du Japon mais ça m’a surprise à Séoul. C’est quand même l’un des pays avec le plus haut taux de suicide au monde. Quand on part vivre en Corée, il faut quand même savoir qu’on va dans un pays dont la société est en peine par rapport à ça.

Mon expérience est mitigée parce que je m’attendais à retrouver l’ambiance de que j’avais connu à Shanghai et lors de voyages en Asie du Sud Est. Or, la Corée du Sud est vraiment très différente, avec beaucoup moins d’expat sur place. Autour de moi, ceux qui appréciaient le plus leur expérience en Corée du Sud étaient ceux qui n’avaient jamais eu d’autre expérience en Asie. Et j’ai des amis qui ont vraiment adoré vivre et travailler à Séoul !

La Corée du Sud, ça vous dit ?

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Travailler en Corée du Sud : comment s'adapter à la culture du travail ? | JobTeaser