Apprivoiser son stress pour en faire son allié
Non, le stress n’est pas une mauvaise chose. C’est plutôt la perception qu’on en a qui peut avoir des effets néfastes sur notre santé. En changeant de regard sur lui, on peut même apprendre à bien le gérer.
10 septembre 2021 · Temps de lecture : 1 min

Au travail ou dans la vie privée, gérer son stress fait souvent partie des défis du quotidien. Pour y arriver, il faut apprendre à connaître cette émotion qui nous traverse. Le stress est une série de réponses physiologiques de notre corps face à une situation menaçante - ou tout du moins vécue comme telle. Face à cette source d'anxiété ou de peur, on sent notre coeur battre plus vite, notre respiration s'accélérer, notre pression sanguine augmente, nos muscles se tendent, on transpire, on a envie d’uriner, on digère moins bien…
L’ensemble de ces réactions corporelles ont une fonction adaptative. C'est-à-dire qu’elles sont utiles. Ces réactions sont là pour préparer notre corps à deux actions possibles : s’enfuir ou lutter. L'accélération de nos fréquences cardiaque et respiratoire apporte plus de sang oxygéné à notre cerveau et nos muscles. Objectif : mobiliser nos capacités attentionnelles et notre force musculaire afin d’agir plus vite.
En situation de stress, le sang se répartit de façon différente dans notre corps : il se concentre sur nos muscles et notre cerveau. C’est pour ça que nos extrémités peuvent subitement devenir plus froides, et qu’on parle de « sueur froide » car la peau est plus froide. Certaines fonctions biologiques inutiles pour fuir ou lutter - comme la digestion - sont même ralenties. Enfin, l’envie pressante d’uriner s’explique. Soulager notre vessie permet de nous alléger et d’être ainsi plus rapide. Pratique.
Le problème, c’est lorsque l’état de stress est trop intense et qu’il dure trop longtemps. Il peut avoir des conséquences nocives pour notre santé physique et mentale.
Les impacts à double-tranchant du stress
S’il est trop intense, la contraction des vaisseaux sanguins engendrée par le stress peut augmenter le risque de développer des maladies cardiovasculaires. Il vaut donc mieux ne pas exposer notre corps de façon récurrente à cet état physiologique. Autre impact du stress : la libération de glucose par le foie, ce qui sert de source d’énergie ou carburant pour nos muscles. Sauf que de façon prolongée, l’augmentation de la concentration de sucre dans notre sang augmente le risque de développer du diabète.
Enfin la mobilisation accrue de nos ressources pour nous préparer à l’action et le surplus de toxines liées à cet état, épuise le corps. Il a besoin de pouvoir revenir rapidement à un niveau de relâchement, sous peine de risquer des complications cardiovasculaires, et un syndrome d’épuisement physique, psychologique et émotionnel, aussi appelé burn-out. Mais ces impacts négatifs ne sont vrais que lorsqu’on perçoit son stress négativement.
La « positive attitude » pour contrer le stress
Une étude menée pendant 8 ans sur 30 000 adultes aux Etats-Unis a montré que les risques supplémentaires de décès observés chez les personnes soumises à un stress ne sont pas liés au stress en lui-même mais plutôt à la croyance chez ces personnes que le stress est dangereux pour leur santé.
Les personnes qui ne pensent pas que le stress est mauvais pour leur santé, même lorsqu’elles ont fait l’expérience d’un stress important, montrent les risques de décès les plus faibles de l’étude. Ils ont même été plus faibles que ceux qui ont eu peu de stress mais qui pensent que le stress est mauvais pour leur santé. On a donc carrément intérêt à envisager le stress comme quelque chose de positif.
Gérer son stress pour améliorer ses perf’
Une autre étude menée à Harvard a montré que lorsque l’on pousse des personnes à concevoir les signaux corporels de stress comme des éléments utiles qui préparent à l’action, ces personnes montrent au cours de tâches stressantes de meilleures performances. Elles sont moins anxieuses, ressentent moins de stress psychologique, et sont plus confiantes.
Encore mieux, chez ces personnes, on n’observe pas de contraction des vaisseaux sanguins malgré l'accélération du rythme cardiaque. Donc, pas d’augmentation des risques de développer des maladies cardiovasculaires. On observe donc une réponse physiologique assez proche d’un moment de joie et de courage (accélération cardiaque associée à des vaisseaux sanguins qui restent détendus)
Comment changer notre conception du stress ?
Afin de changer la réponse de notre corps face au stress, il faut repenser et associer de nouvelles représentations, plus positives, aux manifestations physiologiques du stress. Par exemple, se mettre à percevoir les signaux corporels tels que la transpiration, ou l'accélération de notre rythme cardiaque, comme les signes que notre corps vient d’être stimulé, qu’il se prépare à relever un défi, plutôt que de façon négative, comme des signes d’anxiété que l’on cherche à cacher, ou dont on a honte.
L’ocytocine, l’arme secrète du stress… contre le stress
Un autre aspect positif du stress est qu’il nous rend sociable. Et c’est grâce à l’ocytocine. Une hormone qu’on appelle aussi hormone du câlin car elle est libérée lors d’un contact tactile avec une autre personne. L'ocytocine participe aussi à activer les comportement prosociaux chez nous, c'est-à-dire les comportement qui renforcent les liens affectifs et intimes. Elle augmente l’envie de contact physiques avec nos amis et notre famille, et accroît l’empathie. Elle augmente aussi la volonté d’aider et de soutenir notre entourage, et nous rend plus compatissant et bienveillant. Or, l’ocytocine est l’une des hormones des stress - dans une situation stressante, notre corps libère aussi du cortisol, de la vasopressine et de l'adrénaline.
Afin de nous inciter à chercher de l’aide pour faire face à la situation menaçante, l’ocytocine nous pousse par exemple à expliciter aux personnes autour de nous comment on se sent plutôt que de garder cela pour nous. L’hormone du câlin protège également notre système cardio vasculaire des effets physiologiques délétères du stress. C’est un anti-inflammatoire naturel. Elle aide les vaisseaux sanguins à rester détendus pendant la situation de stress. Et elle permet même aux cellules cardiaques de se régénérer et de guérir de tout dommages liés au stress.
Les contacts sociaux renforcent tous ces aspects physiologiques positifs du stress liés à l’ocytocine. C’est pour ça qu’il est important de suivre cet impératif biologique qui nous pousse à aller vers nos proches lorsqu’on fait face à une situation génératrice de stress. Tout ceci nous permet de nous remettre plus rapidement du stress.
Aider les autre pour s’aider soi-même
Notre réponse physiologique au stress intègre elle-même un mécanisme de défense face au stress : les relations sociales. Les études montrent, en effet, que les personnes qui passent du temps à en aider d’autres ne montrent aucune augmentation du risque de mortalité liée au stress. Contrairement aux personnes qui n’ont pas mis ces stratégies de résilience en place.
Pour reprendre la formule de Kelly McGonigal, une célèbre chercheuse sur le sujet dont les travaux ont inspiré cet article : « Lorsque vous choisissez de voir votre réponse au stress comme utile, vous créez la biologie du courage. Et quand vous choisissez de communiquer avec les autres en situation de stress, vous pouvez créer de la résilience. »
Envie de vous entraîner à transformer votre stress en force ? On vous propose un exercice par ici.
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