Catégorie : Entretiens

Pourquoi nos émotions peuvent-elles nous jouer des tours en entretien d’embauche ?

Il n’y a pas que le stress qui peux nous faire rater un entretien. Alors pour être bien préparé, il vaut mieux apprendre à connaître nos émotions et contrer nos biais.

23 juin 2025 · Temps de lecture : 1 min

Une femme rousse apeurée qui regarde par-dessus son épaule
MART PRODUCTION via Pexels

Contrairement aux croyances populaires, nos prises de décisions sont loin d’être purement rationnelles. Vraiment très loin. En réalité, nos émotions guident nos choix bien plus que la logique et la raison. Et souvent de façon inconsciente. 

Je sens donc je suis, je sens donc j’agis 

Quelle que soit leur nature, nos émotions servent de signal pour indexer les choses qui nous importent : les événements qui nous impactent et qui ont de la valeur à nos yeux. C’est bien pour ça qu’on se remémore bien mieux les situations qui ont une coloration émotionnelle forte - positive ou négative. Et c’est normal car il s’agit des événements les plus importants pour nous. Ceux qui nous ont apporté le plus d’informations sur nous même. Et ceux qui vont le plus nous influencer par la suite.

Nos émotions ne servent pas qu’à faire le tri dans nos souvenirs, elles nous préparent aussi à l’action. Par exemple, une émotion de peur liée à une voiture qui nous fonce dessus mobilise nos muscles et notre attention. Objectif : nous permettre d’agir rapidement face à la situation. En gros, nos émotions activent les ressources nécessaires au niveau de notre corps et de notre cerveau pour que l’on puisse adopter un comportement adapté aux événements présents. Et c’est comme ça qu’on évite la collision avec la voiture qui nous fonce dessus. Plutôt utile.

Aider notre cerveau à réagir plus efficacement

Nos émotions permettent à la fois d’agir et de se souvenir. Et ce n’est pas un hasard. Grâce à l’indexation émotionnelle, on apprend à mieux réagir. Les situations stockées dans notre mémoire grâce aux émotions vont servir de référentiel pour accélérer nos prises de décisions futures et ainsi minimiser les ressources cérébrales consommées. Et donc toujours automatiquement bien regarder des deux côtés avant de traverser

Pour aller plus vite, notre cerveau prend des raccourcis cognitifs - en jargon scientifique, on appelle ça des heuristiques. Dans la plupart des contextes, ces raccourcis fonctionnent très bien et nous permettent d’être plus efficaces. Cependant, ils nous rendent également sensibles aux biais et aux erreurs

Le piège des biais cognitifs

Par exemple, si un candidat présente de nombreuses caractéristiques en commun avec un recruteur  - mêmes passions, mêmes cercles de connaissances, même quartier d’origine, ou même école… -, il sera automatiquement évalué comme plus compétent. Pourquoi ? Car ce qui nous ressemble diffuse une coloration émotionnelle plus positive pour nous. C’est ce qu’on appelle le biais d’attraction à la similarité

Autre exemple, l’effet de familiarité. Plus on éprouve un sentiment de familiarité envers une personne ou une entité, plus on a tendance à la percevoir positivement.Et cela, même si ce sentiment de familiarité est uniquement lié à un simple effet d’exposition. Ainsi, une entreprise qui apparaît souvent dans les médias - pas à cause des bad buzz mais grâce à une marque employeur forte - sera perçue plus positivement. Elle sera donc plus attractive pour les candidats ou candidates. 

Mais attention, les biais peuvent aussi avoir des conséquences négatives. Comme son nom l’indique, le biais de surgénéralisation nous amène à généraliser un comportement observé dans une situation particulière en un trait de caractère. Par exemple, un candidat qui montre du stress pendant un recrutement pourra être stéréotypé par le recruteur comme étant une personne anxieuse. Alors que l’émotion de stress était appropriée au contexte et qu’elle n’est pas une émotion récurrente chez ce candidat. C’est pour ça qu’il est important d’apprendre à bien maîtriser ses émotions pour contrer les biais du recruteur. Et les nôtres.

Reconnaître ses déclencheurs émotionnels

Nos réponses émotionnelles automatiques ne sont pas une fatalité. Automatique ne signifie pas systématique mais plutôt inconscient. Ainsi, en apprenant à exercer un contrôle cognitif sur nos émotions et en modifiant nos schémas de pensées passés, nous pouvons dépasser nos biais. 

Comme toujours, apprendre à bien se connaître est la clé. Il faut donc apprendre à identifier ce qui nous fait réagir de façon excessive ou inadaptée. Ces situations ou éléments de discours qui sont des déclencheurs émotionnels. Par exemple, un candidat avec des périodes de césure dans son CV qui s’énerve très rapidement et perd ses moyens dès qu’un recruteur l’interroge à ce sujet. Ce candidat interprète automatiquement la question du recruteur comme une critique. Il lui attribue une valeur négative alors que le recruteur pose la question de façon neutre. Pourquoi le candidat réagit-il de cette manière? À cause de ses expériences passées et des critiques qu’il a pu connaître de la part de ses proches ou lors d’autres entretiens d’embauches, cette question est désormais devenue un déclencheur émotionnel pour ce candidat. Et c’est dommage car il y a plein de façons de mettre en valeur une période de césure.

Nous n’avons pas tous les mêmes déclencheurs émotionnels et ils ne sont pas amenés à rester les mêmes au cours de notre vie. C’est pour cette raison qu’il est important de faire régulièrement un travail de réflexivité sur nos expériences émotionnelles passées. Une fois que l’on a appris à reconnaître nos déclencheurs émotionnels, on peut s'entraîner à réagir autrement dans les contextes chargés émotionnellement pour nous, comme un entretien d’embauche.