Catégorie : Entretiens

Comment séduire l’algorithme qui va trier votre CV ?

Lorsque vous postulez pour un job, la sélection des CV n’est pas toujours faite par des êtres humains. Dans les entreprises, les outils d’intelligence artificielle ont la côte, notamment lorsqu’il s’agit de gérer et de trier les candidatures. Comment fonctionnent ces systèmes ? Et comment rédiger un CV qui matche avec leurs critères ?

24 avril 2023 · Temps de lecture : 1 min

Natacha Picajkic

Si vous n’avez pas encore entendu parler d’ATS, c’est le moment de vous pencher sur le sujet. Les Applicant Tracking System (ou ATS) sont des logiciels utilisés pour trier les CV et sélectionner les profils qui pourront être reçus en entretien. Meilleur suivi des candidatures, filtrage automatique … En gros, les ATS font gagner un temps précieux aux services RH, et forcément ça plaît aux entreprises, surtout celles qui ont déjà fait les frais d’un mauvais recrutement : 45 000 euros en moyenne (soit quelque menue moula, comme dirait l’autre). 

Résultat : les jolis CV que vous soignez sur Canva ont plus de chance d’être analysés par les algorithmes de Sniper AI, Talview, Rippling, Between, Workable ou encore Jobaffinity que de finir entre de vraies mains. Et ce, dans les grosses boites comme dans les startups :  selon JobScan, 98,8% des entreprises du classement Fortune Global 500 utilisent ainsi un ATS,  66 % des grandes entreprises en général, et 35 % des petites organisations.

Avec les ATS, ça matche ou pas

Pour trier les CV, les ATS utilisent la méthode dite de scoring ou matching. Leur algo attribue une note à chaque candidature en fonction de critères préétablis par un recruteur, comme les compétences clés recherchées, les langues parlées ou l’expérience du candidat sur un domaine d’activité donné. Pour noter le CV, le logiciel va donc relever des mots ou chiffres clés et les pondérer en fonction de leur importance, pour finalement faire émerger une liste de profils compatibles et éliminer ceux qui ne « matchent » pas avec l’offre.  En fait, ça marche un peu comme l’algorithme de Bumble : a priori, aucun match potentiel ne pourra être généré entre un yogi du Vercors, partisan de la slow life et porté sur les énergies minérales, et une gameuse fan d’airsoft qui passe ses week-ends à sautiller sur de la techno dans les hangars du 93 (et c’est bien dommage, on vous l’accorde).

Et pour les boites qui les utilisent, les ATS ont aussi le net avantage, pour la majorité d’entre eux en tous cas, d’être interopérables. Ils s’intègrent donc aussi bien à des outils de recrutement externes, comme LinkedIn, qu’à leurs outils internes, type CRM ou SIRH (système d'information de gestion des ressources humaines).  

Taper dans l'oeil d'une IA, mode d'emploi

Pour créer un CV dans l’air du temps et maximiser vos chances d’obtenir un entretien dans des grosses structures, vous devrez donc d’abord le faire évoluer régulièrement, l’adapter à chaque candidature, et adopter quelques réflexes IA friendly :

  • Un CV au carré

Un CV clair sera mieux lu par un algorithme. Vous pouvez donc commencer par un titre reprenant le poste mentionné dans l’annonce. Puis organiser votre document en parties bien distinctes. On vous recommande de débuter par une partie compétences avant de parler de votre expérience, de votre formation et de vos centres d’intérêt. C’est le moment de parler de votre sens inné de l’organisation, de votre force de conviction, de votre ultra adaptabilité ou de l’intelligence émotionnelle que relèvent chez vous tous ceux que vous croisez. Autant de soft skills que les algorithmes ont bien plus de difficultés à reconnaître que des compétences techniques si elles ne sont pas clairement énoncées. Et pour la partie  parcours professionnel, n’hésitez pas à être précis sur les organisations dans lesquelles vous avez eu une expérience (secteur d’activité, nombre de salariés, chiffre d’affaires…) et utilisez des mots techniques relatifs au job auquel vous postulez.

  • Une appropriation des “EDL” (éléments de langage)

Le bon usage de mots clés vous permettra d’être repéré par l’algorithme. Si vous êtes uniquement fan de UK Drill (#CentralCeeVie) et que votre appli de musique glisse un morceau de disco house dans votre playlist, vous risquez de skip le track. C’est pareil pour l’ATS : son algorithme zappera des détails importants de votre CV s’il ne retrouve pas des termes chers au recruteur. Évidemment, il ne s’agit pas de mentir mais de préférer un vocabulaire proche de celui de l’offre d’emploi ainsi que certains chiffres de nature à combler le raisonnement logique de l’algorithme. Les experts conseillent par exemple de miser sur des titres de rubrique impactants comme « 5 ans d’expérience en webdesign » au lieu d’un intitulé généraliste comme « Expérience professionnelle ». 

  • Une maîtrise de son âme d’artiste

Quand vous recevez une facture, vous ne prêtez aucune attention à la mise en page ou au nouveau logo de votre fournisseur : ce qui vous importe c’est le montant ! Les algorithmes des ATS fonctionnent comme vous pour un CV. Ils  ne portent aucun intérêt à un joli design et ne savent pas déchiffrer pictogrammes ou logos. Il faut donc privilégier la lisibilité. Vous devez garder à l’esprit qu’une fois sélectionné par l’IA, votre CV sera lu par un recruteur. Restez simple donc, mais soigné. L’élégance à la Jacquemus, en somme.

  • Un format traditionnel : rester sur une valeur sûre

Un CV en .doc ou en PDF sera plus facilement lu par un ATS. Encore une fois donc, inutile de se tourner vers des formats plus originaux et dynamiques qui pourraient nuire à la qualité de votre candidature.

Vous l’aurez compris, le secret pour séduire les IA des recruteurs c’est donc, comme pour un examen, de bien lire l’énoncé et de formuler clairement votre réponse. Gardez vos meilleurs twists pour l’entretien, c’est là que vous ferez vraiment la différence.


The Content Factory Team