Catégorie : Les contrats

Difficultés de l’alternance : quels recours ?

Signer un contrat d’alternance, c’est souvent une chance. Mais quand des missions peu valorisantes (au-delà du cliché d’apporter le café), des heures sup à répétition, voire des différends humains profonds font regretter d’avoir rejoint une entreprise, on peut vite perdre pied. Dans ces cas-là, pas de panique, sachez que votre contrat vous donne certes des devoirs, mais vous garantit aussi des droits. On vous explique comment les faire valoir et comment réagir, histoire de ne pas vous dégoûter du métier que vous êtes en train d’apprendre, voire du monde du travail.

23 juin 2025 · Temps de lecture : 1 min

Mieux comprendre les contrats
Natacha Picajcik

Logiquement, qui dit alternance dit avantages : pour mettre en pratique la théorie abordée en cours et mieux entrer sur le marché du travail ; pour apprendre tout en étant payé sans renoncer aux réductions ciné, transport, musée ou sport accordées aux étudiants. 

Mais toutes les alternances ne sont pas golden. 28% des contrats d’apprentissage sont même rompus avant leur terme (et ce n’est pas un drame).

C’est quoi le problème ?

Avant d’en arriver là, on vous conseille de vous poser pour bien identifier ce qui ne colle pas. Parfois, c’est juste une question de com entre l’apprenti et son tuteur. N’oubliez pas qu’être tuteur ou maître d’apprentissage n’implique ni d’être devin ni de vous épargner tous les désagréments du boulot, que nombre de vos collègues rencontrent certainement aussi. 

Mais par exemple, si embaucher à 9h vous impose de vous lever à 6h00 à cause des horaires de vos transports, et que commencer une demi-heure plus tard vous fait en réalité gagner une heure de sommeil, on vous conseille d’en parler directement à votre tuteur plutôt que d’arriver systématiquement crevé. A ce moment-là, proposez vous même d’avoir une pause déjeuner plus courte ou de partir un peu plus tard. L’alternance sert aussi à ça : se responsabiliser et se professionnaliser, et ça passe par savoir trouver des terrains d’entente.
Attention néanmoins : si jamais la question des horaires est stricte, ce sont des choses qu’il fallait anticiper et mentionner au moment de l’embauche. Si vous êtes en alternance dans la vente et que vous êtes supposé ouvrir le magasin à 9h, la chose dépasse le simple bon vouloir de votre tuteur. On ne peut pas laisser les clients à la porte !

Parler, ça vaut aussi pour des problématiques d’ordre légale et pédagogique. Vous êtes en contrat depuis 4 mois et à chaque fois vous recevez votre paie avec une semaine de retard ? Parlez-en calmement. Vous avez signé un contrat pour faire de la gestion de CRM et depuis deux mois, vous avez passé plus de temps à faire du café et vérifier les listing clients de la boîte qu’à vous former ? Encore une fois, sollicitez un échange et venez présenter les choses factuellement. 

De même, si une entreprise vous demande d’exécuter des tâches sans vous y avoir formé, vous avez le droit de demander à être aidé et accompagné au début. Vous êtes alternants : vous devez être formés et n’êtes pas simplement une main d'œuvre bon marché. Toutefois, toute relation saine s’appuie sur du donnant-donnant, à vous de trouver le juste milieu : une formule Excel, ça se trouve facilement sur Google et vous avez même des tutos sur YouTube. N’hésitez donc pas à faire preuve d’esprit d’initiative, pas besoin qu’on vous montre toujours tout ! 

Le plus souvent, dire ce qui ne va pas, ça passe crème. Néanmoins, entre le ressenti et la personnalité de chacun, et face à des situations totalement inacceptables, avoir un dialogue constructif n’est pas toujours simple. Donc si parler avec votre tuteur ou maître d’apprentissage semble impossible ou vous angoisse, n’hésitez pas à vous tourner vers votre responsable pédagogique ou, quand l’entreprise compte un certain nombre de collaborateurs, vers les RH ou les délégués du personnel. 

Vous avez le choix !

Dans certains cas, ils vous inviteront à vous tourner vers le médiateur de l’apprentissage, que vous pouvez saisir seul.

Si le cadre légal n’est définitivement pas respecté par exemple. Rappelons notamment que la durée hebdomadaire de travail est fixée à 35 heures (ou 39h avec RTT) et que toute heure supplémentaire doit être rémunérée avec majoration, en dehors des contrats cadre fonctionnant en forfait jours. La durée de travail ne peut en aucun cas excéder les 48h sur une semaine. Et bien sûr, votre temps de cours est inclus dans ce total (histoire que vous puissiez aller à la salle, faire vos devoirs, voir vos potes, faire la fête, et manger 5 fruits et légumes par jour à côté = la recette pour ne pas craquer)  !

Si le cadre social et humain vous oppresse, là encore vous avez des droits : insultes, propos dévalorisants, harcèlement moral ou sexuel sont évidemment intolérables et illégaux au travail. Ceci, pour les patrons comme pour les autres. Pour tous les désaccords et problèmes, le médiateur va faciliter leur résolution en favorisant une solution qui convienne aux deux parties, vous et votre employeur. Selon le secteur dans lequel vous bossez, vous le trouverez soit à la chambre de commerce et d'industrie, soit à la chambre des métiers de l'artisanat, soit à la chambre d'agriculture.

Parfois, cette médiation suffira à lever les barrières et vous permettra d’achever votre contrat en alternance dans de bonnes conditions. Plus rarement, elle conduira à la rupture ( si le tuteur ne se sent pas de vous accompagner comme il se doit et qu’aucune autre personne ne peut le remplacer dans l’entreprise, si le feeling ne passe définitivement pas entre vous, si votre employeur ne s’adapte pas aux conditions de votre apprentissage…). Seule chose à savoir : quand la rupture à l’amiable n’est pas possible, vous devez solliciter le médiateur au moins 5 jours avant d’informer votre entreprise de votre démission par écrit, en recommandé, avec accusé réception. Puis vous pourrez rompre votre contrat après 7 jours de préavis minimum. 

Et si ça vous fait grave flipper pour la suite de votre apprentissage, gardez en tête que, un, votre établissement doit vous permettre de continuer votre formation théorique pendant 6 mois. Deux, ça recrute en alternance. Trois, on apprend en se trompant, aussi, voire parfois mieux (croyez-nous sur parole). Vous pourrez donc rebondir et signer un nouveau contrat dans un domaine qui vous plaît, en vous appuyant sur votre expérience passée pour anticiper les potentiels signaux faibles.  

Besoin d’infos supplémentaires ? N’hésitez pas à vous rendre sur sosapprenti.fr, la plateforme de l’ANAF, l’association des apprentis de France. 



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