Petit guide pour s'y retrouver dans la jungle des bilan de compétences
Plus de 98 000 rendez-vous validés l'an dernier via le Compte Professionnel de Formation (qui avant d’être le levier n°1 de l’arnaque, est un vrai dispositif), trois fois plus qu'en 2019 : les bilans de compétences ont le vent en poupe. Seulement, entre les organismes sérieux et ceux plus opportunistes qui surfent sur la tendance, difficile de faire la part des choses. Comment se saisir de cet outil bien utile pour faire le point sur sa carrière sans se faire doser ? Mode d’emploi.
15 mai 2023 · Temps de lecture : 1 min

Quand, et pour quoi faire ?
D'abord, débarrassez-vous d'un préjugé : non, le bilan de compétences n'est pas un “truc de vieux” ou un test réservé par la Mission Locale aux profils peu qualifiés qui auraient du mal à s’insérer sur le marché du travail.
De plus en plus de moins de 30 ans y ont recours. Voyez-le comme un check-up médical. Mieux vaut prévenir que guérir, non ? Plutôt que d'attendre le burn-out ou une souffrance chronique au travail, guettez quelques signes avant-coureurs. De plus en plus fatigué ? Nerveux ? Frustrés par vos missions ? Sans doute est-ce le moment de dresser un bilan, calmement, de votre début de carrière. Mettre un mot sur ses insatisfactions, c'est le premier pas pour les résorber. C’est aussi l’opportunité de s’interroger sur ses désirs : on n'a pas forcément les mêmes à 20, 35 ou 35 ans. Les raisons d'entamer la démarche ne manquent pas. Un bilan de compétences, finalement, c'est un peu comme la touche F5 : il permet de rafraîchir le professionnel que vous êtes.
« Mais je n'ai aucune envie de changer de boulot ! » Là encore, attention à la méprise : un bilan de compétences, ce n'est pas nécessairement pour renverser la table et lancer une reconversion professionnelle. Les courtiers en assurance dans le doute ne finissent pas tous brasseurs de bière artisanale, pas plus que les commerciaux désabusés ne lancent systématiquement leur épicerie bio en circuit court (même si c’est à la mode, on vous l’accorde) .. L'objectif est d’apprendre à mieux vous connaître et à vous (re)faire confiance. Et cela passe notamment par l’identification des compétences acquises ces derniers temps, parfois à votre insu : à force de veiller à l'image de votre entreprise sur les réseaux sociaux, il y a fort à parier que vous ayez quelques aptitudes de communiquant à ajouter à votre C.V., par exemple.
Si le moment de faire le point urge
Si vous êtes au début de votre carrière, la première formule pour faire un bilan de compétences consiste à se passer d’intermédiaire. Plusieurs méthodes d’auto-évaluation sont à votre disposition, à l’instar de l’Igikaï - “ma raison d’être” en japonais.
- Sur une feuille de papier, tracez quatre grands cercles.
- Dans l’un, commencez par indiquer ce que vous aimez faire dans la vie, tout ce qui vous donne de la joie, au boulot comme sur votre temps libre.
- Dans le second, listez vos talents, vos qualités humaines, vos aptitudes. Le troisième se consacre aux compétences ou aux services pour lesquels vous pourriez être payé.
- Enfin, déterminez les causes que vous voulez défendre, les priorités qui vous animent.
- Gardez l’essentiel, trouvez les liens entre les éléments conservés: votre Ikigaï est au cœur de ces quatre cercles.
Un exemple ? J’aime écouter, je suis une oreille attentive et sais me servir d’une caméra et je crois à la nécessité de mieux faire connaître mon prochain : et si vous deveniez réalisateur de documentaires ?
La méthode d’Hester, développée par JobTeaser est une autre piste bien utile pour définir ses soft skills et ses envies. Trois exercices sont ainsi proposés à l’utilisateur.
- Il faudra d’abord choisir ce que l’on aimerait accomplir dans la vie, en s’appuyant sur une liste d’une soixantaine de compétences, avant de réaliser un top 3 de ses choix.
- Second exercice : répondre à un questionnaire sur une série de situations. Y-a-t-on déjà été confronté ou non ?
- Enfin, pour chaque soft skill retenu dans son top 3, il faudra justifier une situation où ce dernier serait nécessaire.
Autre proposition : faites appel à un coach. Mais attention, tous les Ted Lasso autoproclamés sur Linkedin ne sont pas dignes de confiance. Là encore, passez par des organismes certifiés qui auront fait un premier tri. La start up spécialisée dans la santé mentale moka.care fait le lien entre des coachs et des thérapeutes et les salariés des entreprises partenaires, tout en garantissant l’anonymat des données et informations collectées. Et si proposiez à votre employeur de leur passer un coup de fil ?
Ok, et est-ce que je pourrais toujours le faire plus tard dans ma carrière ?
Tous les actifs peuvent prétendre au bilan de compétences. Autre vertu : un bilan de compétence est relativement peu coûteux - comptez entre 1000 et 2500 euros - et facile d'accès - à réaliser pendant ou hors les heures de travail. Si vous vous retrouvez à un moment de votre carrière au chômage, vous pourrez vous tourner vers l'aide individuelle à la formation de Pôle Emploi. Si vous êtes salarié et que vous souhaitez faire le point, vous pourrez mobiliser votre CPF ou le plan de développement de compétences de votre entreprise. A noter que votre patron ne peut refuser la démarche, simplement la repousser de six mois s'il juge votre absence trop pénalisante.
Et concrètement, comment ça se passe avec un coach ?
Au maximum, le bilan de compétences vous mobilise 24 heures. Mais pas question de le concentrer sur trois jours ; l'une des clés du dispositif est de laisser du temps au temps. Bien utile pour prendre du recul, se prêter à l'introspection, relancer une dynamique. Comptez ainsi jusqu'à huit tête-à-tête avec un conseiller RH ou un psychologue du travail, étalés sur trois à six mois.
Réservés, soyez parés : il va falloir vous mettre à nu ! On vous rassure quand même, tout est confidentiel et ce, dès la séance préalable, où vous allez confier vos besoins et vos attentes. Votre interlocuteur, lui, partagera sa méthode. Dès lors, rien ne vous interdit de décliner et d'aller voir ailleurs.
Sinon, les deux ou trois entretiens suivants s'attachent à dénouer vos motivations, vos valeurs, vos centres d'intérêts. A faire émerger vos envies profondes et votre potentiel, ensuite. Une analyse qui passe par la discussion, l'échange avec son conseiller, des mises en situations professionnelles mais aussi une série de tests psychotechniques.
Troisième temps de la valse : la confrontation au réel. Des fiches métiers seront mises à disposition, mais on vous poussera surtout à aller enquêter sur le boulot ou le poste envisagé, à en questionner les professionnels. Pour en comprendre les particularités, les à-côtés et gratter le vernis des fantasmes - car, oui les guitaristes ont de l'arthrose, les spationautes sont soumis à un stress inimaginable avant de baigner dans les étoiles, et médecin, c'est quand même parti pour 10 ans d'études, pas évident pour une seconde vie professionnelle. Reste enfin à établir un parcours professionnel, étape par étape, synthétisé dans un rapport.
Mais au fait, comment je le trouve mon conseiller ?
Une recherche digne de celle de la pierre philosophale, vous voilà prévenus. Il y a autant de centres de bilan de compétences sérieux que de contrefaçons. Ne vous fiez pas seulement à un phishing par SMS, au conseil soufflé par un voisin du cousin d'une vague connaissance, à la lecture d'un post-Linkedin dithyrambique signé d'un coach en développement personnel ou d'un avis cinq étoiles de Google. Première précaution pour faire le tri dans ce fourre-tout : vérifiez que l'organisme de formation sollicité a décroché sa certification Qaliopi. Une obligation légale depuis 2022.
Ensuite, n'hésitez pas à questionner votre entourage, demandez l'avis de collègues qui s'y sont déjà frottés, des RH ou encore de votre agent Pôle Emploi. Un autre Sherpa pourra vous guider dans cette jungle, le conseiller en évolution professionnelle - cerise sur le gâteau, c'est gratuit.
Interrogez-vous aussi sur vos besoins et vos impératifs. Impossible de vous déplacer, peu de disponibilités dans une période chargée au bureau ; qui propose du 100% distanciel ? Le centre est-il spécialisé dans certains secteurs ? Reste ensuite à rencontrer les conseillers. Vous voici déjà plongé dans la séance préliminaire. On le répète, votre feeling est primordial. Pas de fausse pudeur, votre avenir professionnel est en jeu !

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