Groupe TF1

LE FIGARO. - En février, Bouygues vous a donné pour mission de transformer le groupe TF1. Où en êtes-vous ?

Rodolphe BELMER - Les semaines qui viennent vont connaître des avancées décisives autour de trois axes stratégiques. Le premier concerne le développement de nos revenus publicitaires sur la télévision linéaire, un marché de 3,1 milliards d'euros, qui est à peu près stagnant et dont TF1 capte environ 45 %. Cela passe par la consolidation de notre part d'audience sur les cibles commerciales. Nous allons continuer à investir significativement dans notre offre de programmes, notamment en prime time et dans les séries. L'année 2024 verra l'arrivée de nouveaux héros récurrents, à l'image de Master Crimes, avec Muriel Robin, lancé jeudi dernier avec succès. Le deuxième axe vise à consolider notre leadership sur l'ensemble du public.

LF : En quoi l'application TF1 sera-t-elle différente de MyTF1 ? 

RB : MyTF1 est utilisée par 27,5 millions de personnes chaque mois, mais elle ne laisse que sept jours pour rattraper les programmes diffusés à l'antenne. TF1+  repousse cette limite à trente jours minimum et jusqu'à quarante-huit mois. Notre application offrira plus de 15 000 heures de programmes à chaque instant. On y trouvera les saisons antérieures de nos séries et émissions comme « Koh-Lanta » ou « The Voice », mais aussi des programmes exclusifs. Nous proposerons 200 films familiaux, 200 séries et TF1+intégrera la première offre d'information à la demande, Top Info. Les informations du jour seront approfondies avec des formats de 3 à 6 minutes réalisés par notre rédaction. TF1+ doit être une plateforme généraliste et citoyenne.

LF : TF1+ offre-t-elle des innovations technologiques spécifiques ?

RB : À partir de janvier, notre application inclura Top Chrono, une fonctionnalité capable de générer des résumés sur mesure. Elle pourra synthétiser un match de l'équipe de France en fonction de la durée choisie par le spectateur. Nous l'avons testée avec succès durant la Coupe du monde de rugby. Une autre innovation sera apportée courant mars. Elle concerne la découvrabilité des contenus. Le temps nécessaire pour choisir un programme en streaming est un irritant pour les spectateurs, surtout quand ils sont plusieurs devant l'écran. Pourquoi ? Parce que les algorithmes de recommandation actuels ne sont destinés qu'à une seule personne. C'est pourquoi nous lançons une innovation mondiale, le premier algorithme de recommandation pour l'écoute conjointe. Il suffit de sélectionner les profils des personnes devant la télévision pour avoir des suggestions adaptées. Cela permet aussi de calibrer le type de publicités diffusées. Le groupe a investi dans la data et les technologies publicitaires pour offrir la meilleure expérience possible pour nos spectateurs et nos clients annonceurs.

LF :MyTF1 va-t-il disparaître ?

RB :TF1+a vocation à se substituer à MyTF1. Néanmoins, nous allons conserver cette offre de télévision de rattrapage pour les opérateurs qui ne reprendraient pas TF1+ pour le moment. Nous n'allons pas les forcer à embrasser notre stratégie, même si nous pensons que ce serait très bénéfique pour leurs consommateurs et pour eux sur le plan financier.

LF : Pourrait-il y avoir un bouton  TF1 sur les télécommandes comme il y en a pour Netflix et Prime Video ?

RB : Nous l'aurons sur certaines télécommandes, mais ce n'est pas une priorité. Ce qui nous importe, c'est que notre application TF1+ soit immédiatement visible sur l'écran lorsque les gens voudront se divertir ou s'informer à la demande.

LF : Craignez-vous de vous faire dépasser par France 2 cet été, au moment des JO ?

RB : Ce qui nous importe, c'est la moyenne de l'année. Et de ce point de vue, TF1 est très largement leader, que ce soit la chaîne en général ou nos rendez-vous d'information. La situation concurrentielle de l'été 2024 sera exceptionnelle et totalement atypique avec les JO de Paris, un événement qui ne s'était pas produit depuis un siècle, sur France Télévisions. Est-ce que France 2 passera devant TF1 ? Si c'est une fois tous les cent ans, ce n'est pas un sujet de considération pour nous.