« Le syndrome de l'imposteur peut mener au burn-out »
Le syndrome de l'imposteur, on en entend beaucoup parler mais qu'est-ce que c'est vraiment et quelles sont les conséquences ? On fait le point avec Stacey Callahan, psychologue et spécialiste du sujet.
29 novembre 2021 · Temps de lecture : 1 min
Sentiment de ne pas être à la hauteur, impression de toute devoir à la chance ou peur irrationnelle que les autres se rendent compte qu’on n’est pas au niveau ? Ces idées désagréables sont le quotidien des personnes qui souffrent du syndrome de l’imposteur. D’après une étude publiée dans le Journal of Behavorial Science, 70% de la population souffrirait de ce mal à des degrés différents. Mais tous ceux qui y sont sujets partagent la même angoisse : « être démasqué », comme nous l’explique Stacey Callahan, psychologue clinicienne et chercheuse à l’Université Toulouse - Jean Jaurès.
Le syndrome de l’imposteur, d'où vient-il ?
Le syndrome de l’imposteur fait pas mal parler de lui ces dernières années. Pourtant, ce concept a déjà 35 ans puisque c’est la psychologue américaine Pauline Clance qui le théorise en 1986. La psychologue a même développé le test de référence pour déterminer si on est sujet à ce mal. À l’époque, on ne parle pas de syndrome mais de phénomène de l’imposteur - le titre du livre fondateur de Pauline Clance. Aujourd’hui, par abus de langage, le terme syndrome de l’imposteur s’est imposé alors qu’on ne parle pas d’une pathologie médicale.
Peu importe comment on le nomme, le syndrome de l’imposteur est identifié par trois grands symptômes révélateurs :
- le sentiment que ses accomplissements sont le résultats de forces externes
- le sentiment d’être illégitime à revendiquer ses accomplissements
- l’incapacité à croire en ses propres compétences
On commence à connaître pas mal d’informations sur ce phénomène de l’imposteur, en revanche « on ne sait pas vraiment ce qui [le] cause, rappelle Stacey Callahan. Les théories sont multiples. » Celle qui domine en psychologie cognitive-comportementale est l’idée que nous avons intégré que l’humilité et le fait de ne pas admettre ses réussites sont des bonnes choses. Et le syndrome de l’imposteur serait une sorte d’effet pervers de cette idée profondément intégrée en nous.
Un syndrome pour deux imposteurs
Ce syndrome du doute permanent - l’un des multiples noms du phénomène - peut s’exprimer par deux types de personnalités : les procrastinateurs et ceux qui surtravaillent. Les premiers prennent du retard dans leurs tâches par peur de s’y mettre et d’échouer. Les seconds tentent de compenser leur conviction de ne pas être à la hauteur par une charge de travail accrue - mais pas forcément plus d’efficacité. Dans les deux cas, les conséquences peuvent être néfastes.
« Le syndrome de l’imposteur peut mener jusqu’au burn out », explique Stacey Callahan. Et ce qu’on soit un procrastinateur ou un surtravailleur car les deux cas vont induire une trop grosse charge de travail à gérer qui peut mener à l’épuisement professionnel. Au bureau, le syndrome de l’imposteur peut aussi nuire aux relations entre collègues. À cause de leur gestion de leurs tâches, les “imposteurs” peuvent créer des relations très négatives avec le reste de leur équipe.
Et comme si ça ne suffisait pas, la crise du Covid a aussi accentué la prévalence du syndrome de l’imposteur. En cause : le télétravail qui, en supprimant certaines validations en face à face, a pu activer ou réactiver un sentiment d’imposteur chez certains salariés, peut-on lire dans Les Echos.
Comment lutter contre le syndrome de l’imposteur au travail ?
Alors, comment faire pour lutter contre ce syndrome au boulot qui peut avoir des conséquences désastreuses ? Heureusement, Stacey Callahan a quelques éléments de réponse. En premier lieu, l’experte du sujet recommande de créer une culture d’acceptation de l’échec en entreprise. Une culture d’entreprise dont les bienfaits font l’objet de plusieurs recherches scientifiques. L’idée est simple : « si l’échec n’est plus un problème, alors le succès n’est plus la seule issue possible ». Facile à dire, plus difficile à mettre en place. Alors Stacey Callahan recommande d’adopter une « attitude d’acceptation inconditionnelle de soi-même ». Ou en tout cas, d’apprendre à le faire. Car s’accepter soi-même permet également d’accepter les autres et leurs erreurs. Et ça, ça fait du bien à tout le monde.
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