Catégorie : International

Commencer sa vie pro en Chine : ce qu’il faut savoir avant de se lancer

Entre les spécialités culinaires, une localisation privilégiée pour découvrir l’Asie - hors période de pandémie, évidemment - et quelques chocs culturels, Lucie, Alexis, Fleur et Emily nous ont confié leurs expériences en Chine.

7 octobre 2021 · Temps de lecture : 1 min

Des inscriptions chinoises sur des tablettes rouges
Alana Harris via Unsplash

Pour un stage ou pour plusieurs années, une expérience en Chine peut faire rêver. Mais c’est pas toujours facile de se lancer et se projeter dans une nouvelle vie à l’autre bout du monde. Pour satisfaire votre curiosité, nous sommes allés à la rencontre de celles et ceux qui ont sauté le pas.

« Il y a tellement de possibilités à Hong Kong que chacun peut trouver quelque chose qui lui convient »

À 29 ans, Lucie a passé les 6 dernières années de sa vie à Hong Kong, après des études au Canada. Récemment installée à Berlin, elle est développeuse full-stack. Une voie qu’elle n’avait pas forcément prévue d’emprunter.

En novembre 2015, elle s’installe à Hong Kong, la ville d’origine de son copain. Lui a la volonté de créer son entreprise. Lucie se voit déjà voyager partout en Asie. « Au début, on est parti pour un an », se souvient-elle. Elle arrive donc avec un Permis Vacances-Travail, dans l’optique de faire des petits boulots. « Puis, on m’a proposé d’être prof d’anglais dans une école maternelle et j’ai donc eu un Visa de travail. » Une expérience qui lui permet de sortir des sentiers battus d’expat’ et de se « plonger dans le Hong Kong profond. » Là où l’on parle plus facilement cantonais qu’anglais.

Plutôt que d’apprendre le Cantonais - qui est « vraiment une langue très compliquée » -, Lucie se met à java script. Une formation à Barcelone plus tard, elle revient à Hong Kong pour débuter sa carrière de développeuse. Et retrouver « la nourriture qui est vraiment délicieuse » et cette ville toujours bouillonnante. Même si trouver sa place à Hong Kong peut prendre un peu de temps, Lucie en est persuadée : « il y a tellement de possibilités que tout le monde peut trouver quelque chose qui lui convient. » Que ce soit un club d’impro ou un groupe de rando, il y en pour tous les goûts

« Il y a plein de quartiers où sortir : dans Central, à Wan Chai ou à Causeway Bay, » raconte-t-elle. Dans le centre-ville, les expatriés sont nombreux et on s’exprime donc en anglais. « Les Français constituent la plus grosse communauté d’expatriés après les Indonésiens et Philippins, explique Lucie. Il y a aussi beaucoup d’Australiens, de Britanniques, quelques Américains et beaucoup de locaux qui ont des doubles nationalités. ». Elle qualifie d’ailleurs Hong Kong de « plaque tournante d’expatriés », ce qui n’est pas toujours facile à vivre sur le long terme. Les gens s’installent quelques années et puis s’en vont. « Du coup, on crée des amitiés mais qui ne vont pas forcément durer dans le temps. »

« La technologie est omniprésente »

En 2017, Alexis débarque à Shanghai pour un an. À la base, ce n’était pas vraiment le choix qui lui parlait le plus. Pour effectuer un semestre d’échange puis un stage dans le cadre des ses études, il se voyait plutôt à Prague. Mais d’autres choix s’offrent à lui et c’est finalement la Chine et l’opportunité de s’immerger dans « une culture très différente » qui le séduisent.

Le choc culturel, il le vit dès les premiers instants. « La technologie est omniprésente, se souvient-il. On n’utilise pas de cash, tout se fait par Alipay. Même les sans-abris font la manche avec un QR code. » Une connexion internet est nécessaire pour vivre et exister mais encore faut-il pouvoir se connecter. À l’aéroport, Alexis apprend à ses dépens qu’une carte SIM chinoise est obligatoire « simplement pour se connecter au WIFI ». Une fois sa connexion internet en poche, on peut même se débrouiller sans parler un mot de Mandarin via des application qui traduisent en direct les conversations. « Les gens y sont assez habitués, explique-t-il. Du coup, je pouvais avoir des discussions avec le mec de la supérette en bas de chez moi sans problème. »

Dans l’optique de vivre une expérience culturelle vraiment différente, celui qui est désormais Analyst VC choisit d’intégrer une coloc internationale. Une première façon de faire des rencontres qu’il poursuit sans difficulté dans la ville. « À Shanghai, il y a pas mal de cafés et resto où se retrouvent beaucoup d’expat et d’étudiants en échange. » Il participe aussi à des événements organisés par des associations de jeunes entrepreneurs - un réseau qui a d’ailleurs permis à certains des ses amis de décrocher un stage. Il souligne l’importance du réseau et affirme même que ce n’est pas si difficile de s’en constituer un. « Au bout de deux semaines sur place, juste en allant dans un bar on m’a mis en relation avec des Belges montaient leur boîte. Je me suis retrouvé à être ambassadeur du bar et ambassadeur de la boîte. Grâce aux QR codes, les gens prennent le contact d’une personne via WeChat, plus vite qu’on ne donnait son compte Facebook  il y a dix ans, » raconte-t-il.

Parmi ses incontournables de la ville, Alexis cite le Café des stagiaires. Il conseille aussi de se balader dans les concessions françaises pour se retrouver « comme dans une petite ville à part. » De quoi déconnecter un petit peu.

« Shanghai est le petit New York de la Chine »

Aujourd’hui, Fleur, freelance spécialisée dans le Brand Content, habite à Lille. Mais de 2010 à 2019, c’est à Shanghai qu’elle construit sa vie. Sur sa route vers l’Australie, elle fait escale à Hong Kong et est fascinée par la ville. À l’époque en quatrième année d’école de commerce, Fleur veut déjà y retourner mais « c’était hyper difficile de trouver un stage dans la com à Hong Kong. » En revanche, à Shanghai, on prépare l’exposition universelle. Fleur y décroche un stage.

En matière de parcours pro, Fleur a vécu l’expérience complète. En 2011, elle repart pour une mission de 3 mois et enchaîne directement avec un VIE de 2 ans et demi. Puis passe 1 an dans une agence de pub avant de créer sa propre marque en 2014. Même si elle a toujours travaillé en anglais, elle s’est mise au mandarin pour la vie quotidienne. « Même si on peut se débrouiller sans », nous rassure-t-elle.

Shanghai a beau être « le petit New York de la Chine », la vie sur place demande quelques ajustements culturels. Le fait de cracher dans la rue notamment mais aussi des conceptions très différentes de la politesse. « En Chine, on ne va pas te tenir la porte, ni te dire bonjour et au supermarché les gens peuvent passer devant toi alors que tu fais la queue sans problème », énumère-t-elle.

En 10 années sur place, Fleur a aussi vu la Chine et Shanghai changer. Et pas forcément dans un sens qu’elle apprécie. « Sur le Visa, on a une lettre entre A et F qui détermine notre accès à certains services, dont les visas renouvelables par exemple, explique-t-elle. Les critères dépendent du niveau de chinois, du métier, du fait d’être marié ou non à un Chinoise, d’avoir investi plus de 100 000 euros dans le pays. » De nouvelles règles qui rendent plus compliquées le renouvellement des papiers et qui finissent par donner au pays un tout autre visage que celui que Fleur a connu. « Et puis, il y a pollution » qui achève de la convaincre de rentrer en France. 

Son incontournable à Shanghai : le quartier de Jingan Temple où elle a habité pendant 7 ans et qu’elle a vu se transformer avec des resto et bars branchés tout en conservant son âme très locale.

« La culture chinoise est très indirecte »

Au total, Emily a passé presque 4 années en Chine. « Bien plus que ce que j’avais prévu », confie l’Australienne de 29 ans qui a consacré un blog sur sa vie dans l’Empire du Milieu. Pas de risque de se retrouver lost in translation pour Emily. Elle a appris le mandarin au cours de ses études et c’est même ce qui l’a poussé à s’installer en Chine. D’abord à Hong Kong pour finir ses études et faire un stage en 2017. Puis à Shanghai où la jeune avocate a commencé à travailler en 2018. 

Mais ce n’est pas parce qu’elle connaît bien la langue que la société chinoise ne lui réserve pas quelque surprise. Comme d’autres Occidentaux, la digitalisation presque totale de la vie quotidienne l’étonne. « En Chine, on peut vraiment utiliser une app pour tout, » affirme-t-elle. Pour Emily, ça a évidemment des avantages mais elle pointe aussi du doigt les « effets négatifs de cette culture online où les gens sont constamment collés à leurs écrans ». À tel point que lorsqu’elle quitte Shanghai pour Paris - juste avant de rejoindre Londres -, elle est presque surprise de voir des gens qui se parlent dans les restaurants de la capitale française. Il faut dire qu’à Shanghai, elle voyait souvent « des gens déjeuner ensemble sans se parler. » 

C’est aussi en matière de communication qu’elle voit la principale différence culturelle avec la Chine. « La culture chinoise est très indirecte, nous explique Emily. Il y a beaucoup de sous-entendus qui sont évidents pour les personnes chinoises mais que beaucoup d’Occidentaux ne vont pas comprendre. » Elle recommande donc de s’armer d’un peu de patience mais nous rassure sur le fait que la jeune génération chinoise est de plus en plus directe. En revanche, s’il y a bien quelque chose auquel Emily ne se sera jamais vraiment habituée en 4 ans, c’est l’utilisation d’un VPN. Nécessaire à Shanghai pour accéder à tous les sites web que nous utilisons comme Google ou Facebook. « Et c’est parfois énervant au quotidien quand on veut juste regarder une recette sur Google mais qu’il faut d’abord activer son VPN, raconte-elle avec une frustration encore palpable. Vous êtes prévenus.