Oui, hypersensibilité et travail peuvent faire bon ménage
À condition de bien comprendre cette spécificité qui toucherait 30% de la population français. Et d’adapter nos environnements de travail en conséquence.
22 février 2022 · Temps de lecture : 1 min
Après des décennies de silence, on commence enfin à parler des handicaps, qu’ils soient visibles ou invisibles, et spécificités de chacun et de la façon dont ça impacte le travail. Parmi ces spécificités dont on parle beaucoup, on trouve l’hypersensibilité.
Évidemment, c’est pas parce qu’on se met en à parler que maintenant que l’hypersensibilité est nouvelle. Les premières recherches sur le sujet datent des années 1990 et sont menées par Elaine Aron, psychologue et chercheuse américain. Et pour ce faire, elle s’appuie sur une idée de Carl Jung, célèbre psychologue décédé en 1961, selon laquelle environ 20% de la population serait née avec un système nerveux plus sensible.
Aujourd’hui, on avance plus le chiffre de 30% de personnes hypersensibles dans la population française. Et la coach et psychopraticienne, Charlotte Wills nous définit l’hypersensibilité comme « une hyper-présence au monde, aux autres et à l’environnement invisible pour les yeux ». En effet, l’hypersensibilité est une capacité accrue à percevoir les informations sensorielles, cognitives et intuitives.
Hypersensibilité et travail : pas un handicap mais des ajustements à trouver
L’hypersensibilité n’est pas un handicap mais une spécificité, insiste Charlotte Wills. Mais cette particularité peut parfois être handicapante dans le monde du travail. Les personnes hypersensibles ont très souvent une sensation d’être en décalage, de ne pas être adaptées au monde et de ressentir des émotions toujours beaucoup plus fortement que les autres. Une sensation difficile à gérer au quotidien au travail que ce soit en réunion ou en team building.
La surempathie fait aussi partie des caractéristiques des personnes hypersensibles. Ces dernières vont donc capter les émotions des autres. Un atout pour mieux comprendre ses collègues mais aussi une source importante d’épuisement, notamment des environnements en conflits ou toxiques.
L’open space, le pire ennemi des hypersensibles ?
Le monde du travail, c’est aussi des espaces de travail. Et là aussi, les choses peuvent être compliquées pour les personnes hypersensibles, surtout « quand on essaie de se sur-adapter », explique Charlotte Wills. Comme elles perçoivent plus de signaux et d’informations sensorielles, les personnes hypersensibles sont plus fatigables. Au travail, la lumière et le bruit sont particulièrement gênantes, surtout avec la généralisation des open-spaces.
Difficile de demander à éteindre la lumière de tout l’open space. Mais pour Charlotte Wills, si les relations avec le ou la manager sont bonnes, ça vaut le coup de parler de son hypersensibilité pour essayer de trouver des aménagements. Le témoignage d’Élise dans l’Observatoire de la sensibilité va dans le même sens. Même si elle avoue qu’elle serait plus à l’aise dans un bureau individuel, elle affirme que « ce qui a été utile, c’est d’en parler à mes collègues. »
Le manager idéal est-il hypersensible ?
Puisque l’hypersensible capte une plus grande quantité de signaux externes, on peut légitimement se dépasser si ce ne serait le manager idéal. En tout cas, c’est une vision que défend Fanny Marais, co-dirigeante de l’Observatoire de la sensibilité.
D’après elle, l’empathie du manager hypersensible le rend à l’écoute de son équipe et lui permet de prendre en compte ses besoins. Comme, le manager hypersensible ne nie pas le pendant émotionnel de sa personnalité, il autorise ses collaborateurs à en faire de même. Et enfin, « son mode de management ne se voudra pas directif, mais participatif, car il sait qu’il ne sait pas tout et que ça n’est pas un problème », complète Fanny Marais.
À un poste de management ou non, l’hypersensibilité au travail peut passer d’un défaut à une grosse qualité. Et la première étape c’est d’en parler.
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