Catégorie : Se développer

Comment nos interactions sociales impactent-elles notre comportement ?

Seul, on va plus vite. Mais à plusieurs, on apprend surtout à mieux se connaître. Et ça peut être utile

4 octobre 2021 · Temps de lecture : 1 min

Un homme avec un bonnet et une femme se regardent dans les yeux
Klaus Nielsen via Pexels

Regarder pour mieux percevoir

Qu’on soit introverti ou extraverti, les contacts avec d’autres personnes ont un effet extrêmement positif sur nous. Ils améliorent la mémorisation d’une situation. Ils génèrent plus de comportements altruistes ainsi qu’une perception plus positive des personnes avec lesquelles on interagit. Et ils permettent même d’avoir une meilleure conscience de soi. Le mieux, c’est que ces bénéfices se mettent en place sans qu’on s’en rende compte.

Si vous n’êtes pas du genre bavard, sachez que même en l'absence d’échange verbal, un contact social engendre des bénéfices. Échanger un contact par le regard permet aussi d’activer ces effets positifs dans notre cerveau. C’est pour ça que lorsqu’on vous dit qu’il est important de regarder un recruteur dans les yeux lors d’un entretien, c’est vraiment important - évitez les regards trop prolongés quand même...

L’origine de ces effets

Pourquoi nos interactions sociales nous affectent t-elles autant et d’une façon si positive? La réponse se trouve dans notre histoire évolutive : nous sommes des animaux fondamentalement sociaux. Notre soi se forme dans le contact avec les autres. C’est vrai pour l’évolution de notre espèce autant que pour notre histoire de vie personnelle. 

À l’échelle de l’individu, les expériences sociales ont un rôle facilitateur dans le développement de notre sens de l’identité. En réalisant nos différences et similarités avec les personnes qui nous entourent, nous définissons et redéfinissons graduellement les paramètres essentiels de notre identité. C’est-à-dire ce qui nous caractérisent en tant qu’individu unique. Et c’est bien pour ça que les interactions sociales sont essentielles dans la construction d’un sens du soi aussi bien dans l’enfance qu’au cours de notre vie adulte. 

Comme le disait Jean-Paul Sartre, « nous nous atteignons nous-mêmes en face de l’autre [...], l'homme [...] se rend compte qu'il ne peut rien être (au sens où on dit qu'on est spirituel, ou qu'on est méchant, ou qu'on est jaloux) sauf si les autres le reconnaissent comme tel. [...] L'autre est indispensable [...] à la connaissance que j'ai de moi[...]. Ainsi découvrons-nous tout de suite un monde que nous appellerons l'intersubjectivité, et c'est dans ce monde que l'homme décide ce qu'il est et ce que sont les autres. » En d’autres termes, le soi se définit dans les interactions avec autrui.

Sartre était philosophe, mais il avait déjà compris ce qui sera démontré ultérieurement par les neuroscientifiques. Le soi est, en quelque sorte, la trace neuronale des expériences passées de notre organisme en interaction avec son milieu - un milieu essentiellement social pour les humains. Ça permet de comprendre comment nous construisons notre sens de l’identité au cours de notre vie. D’abord, vient un sentiment d’incarnation ou le sens de son propre corps comme différencié du reste du monde. Ensuite, un sens du soi construit dans les interactions avec les autres. Et enfin, la conscience d’un soi intégré dans une société.

Des mécanismes d’évolution bien rodés (et utiles)

Les mécanismes cérébraux qui nous permettent d’avoir une vie sociale auraient été sélectionnés de façon privilégiée au cours de l’évolution de l’être humain. Pourquoi ? Parce qu’un soi réflexif à même d’anticiper les actions d’autrui est un vrai avantage dans une société sociale complexe.

La théorie de l’esprit

Nos  sociétés  s’organisent  autour  de  comportements collectivistes à large échelle. Notre  survie dépend de l’existence des autres et notre capacité à interagir avec eux. À cet égard, le rôle de notre cerveau serait avant tout de pouvoir construire des modèles mentaux capables d’anticiper la réaction de nos congénères et réagir de manière adaptée. C’est ce qu’on appelle la théorie de l’esprit.

Notre machinerie cérébrale aurait évolué pour nous permettre une détection rapide des indices non-verbaux qui indiquent la direction de l’attention d’autrui. Comme le regard. Si on connaît la direction dans laquelle quelqu’un regarde, on peut savoir vers quoi son intention est dirigée. Donc ça va nous aider à estimer ce qu’il pense et quelle va être son action suivante. Par exemple, si quelqu’un n'arrête pas de regarder sa montre pendant que vous lui parlez, vous pouvez vous doutez qu’il est certainement pressé par le temps - ou que vous l’ennuyez à mourir… Et donc qu’il ne va pas tarder à vous interrompre pour s’en aller.

La détection de ces signaux sociaux non verbaux tels que les expressions faciales, les regards, les mouvements biologiques est essentielle pour réagir de façon adaptée dans notre environnement social. 

De plus, lorsqu’on détecte que l’attention d’une autre personne est portée sur nous, ça nous amène naturellement à porter notre attention sur nous-même. Pour reprendre une citation du poète Arthur Rimbaud : «Je est quelqu’un d’autre». Et être conscient de soi c’est être capable de devenir l’objet de sa propre attention. C’est pour cette raison que les interactions sociales nous aident aussi à mieux nous connaître et avoir une meilleure conscience de soi. Et bien se connaître est une étape cruciale pour trouver sa voie et réussir à décrocher le job qu’on vise. Pensez-y avant votre prochain entretien.