Jobcrafting : façonner son job plutôt que de rentrer dans le moule
Au lieu de s'adapter à leur poste, certains salariés préfèrent ajuster leur job à leurs compétences. Ça s'appelle du jobcrafting et ça peut tout changer dans notre épanouissement au travail.
15 octobre 2021 · Temps de lecture : 1 min

Fiches de postes à rallonge, peur de ne pas trouver sa voie, quête de sens au boulot ou obsession du dream job… et si tous ses problèmes avaient la même solution ? Celle de façonner son poste plutôt que de considérer sa fiche de poste comme une to-do list exhaustive.
C’est quoi le jobcrafting ?
En France, l’idée commence doucement à éveiller la curiosité des jeunes salariés comme celle des recruteurs. Mais aux États-Unis, on théorise le jobcrafting depuis plus d’une décennie. Le principe : sculpter son propre poste pour qu’il nous ressemble.
Dans leur papier publié en 2007 par la Ross School of Business, Amy Wrzesniewski, Jane Dutton et Justin Berg définissent ce néologisme par « les actions mises en place par les salariés pour designer leur propre métier de façon à augmenter leur satisfaction au travail. » En gros, tout ce qui permet d’améliorer l’engagement et l’épanouissement au bureau. Et alors que 78% des 18-24 ans affirment qu’ils n’accepteraient pas un emploi qui n’a pas de sens pour eux, le concept mérite tout notre intérêt.
Façonner son poste plutôt que de le rêver
Plutôt que de créer des postes définis par le haut, le jobcrafting renverse les valeurs pour que ce soit celui ou celle qui occupe le poste qui le définisse. Et il y a plusieurs moyens de façonner son job :
- le cognitive crafting : changer la façon dont on perçoit nos missions et leur sens.
- le task crafting : changer le nombre ou la nature des tâches qui nous sont assignées.
- le relational crafting : modifier nos interactions sociales dans le cadre professionnel pour changer la façon dont on considère notre rôle. C’est-à-dire fonctionner de manière proactive avec d’autres équipes plutôt que d’attendre d’être sollicité.
Le jobcrafting en pratique
Amy Wrzesniewski, l’une des autrices du papier « What is Job Crafting and Why Does It Matter? », insiste : le jobcrafting n’est pas une pratique nouvelle. Les salariés trouvent toujours des moyens d’adapter leur rôle à leur envies - que le management le veuille ou non. En revanche, théoriser le concept permet d’en montrer ses bienfaits, pour les employés comme pour les organisations. Et donc d’encourager les entreprises à adopter une culture du jobcrafting.
Pour ça, il y a plusieurs moyens comme booster l’autonomie des salariés - s’il nous fallait encore un argument contre le micromanagement... Mais aussi de communiquer clairement les missions et objectifs stratégiques de l’entreprise afin que chacun puisse s’inscrire dedans et trouver les moyens de les atteindre. Évidemment, le jobcrafting ne consiste pas à faire ce qu’on veut, quand on veut. Pour trouver du sens à son poste, il faut que chaque jobcrafteur puisse contribuer aux ambitions de l’organisation.
Plutôt que de se contenter d’encourager la pratique, certaines boîtes en font carrément des techniques de management. C’est le cas de Morning Star, un fabricant californien de sauce tomate. Chez Morning Star, à son arrivée, chaque employé récupère le poste de son prédécesseur. Puis, au bout d’un an, on lui demande de réécrire sa fiche de poste, raconte Adam Grant dans le Wall Street Journal. Mais attention chaque employé qui façonne sa fiche de poste doit répondre à deux conditions : expliquer en quoi ça contribue à la mission de l’entreprise et obtenir l’approbation de ses principaux collaborateurs. Aucun risque donc que Jean-Michel de la compta décide subitement de s’improviser Chief TikTok Officer de la boîte.
Cet article vous a-t-il aidé ?