V.I.A / V.I.E : une vingtaine fringante et bientôt l'âge de la maturité ?
Depuis 2000, près de 100 000 volontaires internationaux sont partis faire leur classe à l'étranger, en administration ou en entreprise. Un rite d'initiation professionnelle qui porte ses fruits : 9 jeunes sur 10 trouvent un emploi dans les six mois de leur retour. Reste cependant à diversifier les profils recrutés, en s'ouvrant davantage aux jeunes adultes.
8 mai 2023 · Temps de lecture : 1 min

« Les voyages forment la jeunesse », préconisait Montaigne dans ses Essais. Et il n’était pas le seul : au 16e siècle, le « Grand Tour » - voyage à cheval à travers l'Europe - se destinait déjà à parfaire l'éducation des jeunes aristocrates. Depuis, on a laissé tomber les canassons pour embrasser Interrail et les billets d'avion (Mother Earth ne nous remercie pas) et la vadrouille a pris une dimension nouvelle. Il est aujourd’hui possible d’explorer le monde au moyen d’un volontariat international le temps d'une mission à l'étranger en entreprise (V.I.E) ou en administration (V.I.A). Que ce soient sous les tropiques ou un froid polaire, dans une métropole chinoise ou la campagne roumaine, 121 destinations sont aujourd'hui possibles à travers les cinq continents. De la Chine au Chili, du Canada à l'Afrique du Sud, rares sont les pays, sauf sécurité incertaine, conflit ou crise géopolitique majeure, à manquer à l'appel.
Le dispositif géré par Business France, l'agence nationale au service de l'internationalisation de l'économie française, est d'autant plus universel qu'il n'entend laisser personne sur le carreau. Que vous soyez jeune diplômé, étudiant, déjà en activité ou chômeur, un seul critère est nécessaire pour partir décrocher une mission : être un adulte à la veille de ses 29 ans. Il n'est d'ailleurs pas nécessaire d'avoir la nationalité française, les missions s'ouvrant aux ressortissants des 30 pays de l'Espace Economique Européen. Et au rayon des avantages : une indemnité allant de 1400 à 4600 euros, une couverture sociale, les frais de voyage et d'installation, et, pour certaines destinations, un hébergement... Oui, on est à deux doigts d’appeler ça un braquage.
Côté missions, il y en a vraiment pour tous les goûts et tous les profils. Bibliothécaire à Madagascar, assistant d'exploitant agricole en Roumanie, ingénieur automobile en Chine, chargés de missions industrielles au Maroc ou culturelles en Bolivie, graphiste au Burkina Faso... : difficile ne pas trouver chaussure à son pied parmi les quelques 12 000 propositions recensées l'an dernier - près de mille V.I.A, 9600 V.I.E et plus de 2500 offres disponibles actuellement.
100% de gagnants, ou presque
Encore peur de vous jeter dans le grand bain ? Sachez que pour ceux passés par la case V.I.E, pour six mois à deux ans maximum, l'expérience a surtout été synonyme de grand bond en avant. Selon une enquête menée par la NewGen Talent Centre, centre d'expertise de l'EDHEC, 9 jeunes partis en VIE sur 10 ont trouvé un emploi dans les six mois de retour de mission et la moitié d’entre eux poursuivent l’aventure au sein de la même entreprise. Tout sauf une expérience sans lendemain, donc.
Cette success story est due à la confiance donnée aux aventuriers : deux jeunes sur trois certifient avoir accédé à un niveau de responsabilité supérieure à un poste similaire en France. Une preuve supplémentaire que nul n'est prophète en son pays, mais aussi de combien le voyage permet de grandir. Ou de se révéler à soi-même, pour reprendre le fil de la pensée de Montaigne.
Trois sondés sur quatre perçoivent également leur volontariat comme un accélérateur de carrière. Leur mission leur aura permis de se montrer plus autonomes, d'aiguiser leur capacité d'adaptation à une autre culture, à de nouvelles méthodes de travail et à une autre langue, d'avoir développé leur agilité professionnelle aussi.
L’après-Covid
De la prise en charge des tests à ceux d'une éventuelle hospitalisation, en passant par un soutien psychologique accru, certaines dispositions nées dans l'urgence sont sans doute à pérenniser. Une piste parmi d'autres : qu'un référent émerge au sein des RH de l'entreprise ou des administrations, quand aujourd'hui un même collaborateur gère stagiaires, alternants ou volontaires internationaux, sans toujours maîtriser les spécificités des uns et des autres.
En outre, face au risque de flambée d'une épidémie dans votre pays de destination ou d'un gel soudain des relations diplomatiques, plus de risque de voir votre future mission annulée. Depuis mai 2020, il est possible de la commencer depuis la France, les allers-retours par la suite étant aussi facilités (privilégiez le train si vous le pouvez !), à condition de passer au minimum six mois hors de France par année de volontariat.
Liberté, égalité, voyager, enfin ?
C'est l'autre grand enjeu de ces prochaines années : l'accès aux missions est-il vraiment garanti au plus grand nombre ? Sur le papier, on l'a évoqué, aucun garde-fou ne peut freiner a priori les bonnes volontés. A l'heure du recrutement, en revanche, un master apparaît comme sésame précieux, les bacs + 2 ou + 3 ne représentant qu'un départ sur dix. Mais les choses pourraient évoluer dans le bon sens, notamment grâce à l'aide financière de Business France faite aux entreprises recrutant à ce niveau d'études ou des jeunes issus des quartiers populaires.
Votre CV est atypique, hors des clous ? Vous êtes loin, très loin d'une carrière dans un grand groupe qui aujourd'hui recrute 6 V.I.E sur dix ? Obstinez-vous malgré tout. Un quart des embauches se fait sur candidature spontanée. Et le dispositif part à l'assaut depuis quelques années des PME et autres ETI - entreprises de tailles intermédiaires. Alors, à quand le grand départ ?

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