La réinsertion des ex-détenus grâce au travail : une méthode efficace
Le travail est aussi un moyen de réinsertion dans la société toute entière. Explications avec Barthélémy Delcampe de Wake Up Café.
13 janvier 2022 · Temps de lecture : 1 min
Après un passage en prison, près de 3 personnes sur 5 (59%) récidivent dans les 5 ans. Un chiffre impose de réfléchir à la réinsertion des ex-détenus au sein de la société. C’est la mission de l’association Wake Up Café qui accompagne ces personnes à leur sortie de prison. Et ça marche puisque les ex-détenus accompagnés par l’association « ne sont que 7% à récidiver dans les 5 ans », affirme Barthélémy Delcampe, chargé de mission au sein de Wake Up Café.
Une reconstruction professionnelle et personnelle
Barthélémy Delcampe est formel : « il n’y a pas de parcours type de réinsertion. Ça peut durer de quelques mois à plusieurs années selon les cas. » Mais ce qui prime - et ce qui fonctionne - est d’opérer un changement de regard réciproque entre les ex-détenus et le monde du travail. Pour ça, une reconstruction à la fois professionnelle mais aussi personnelle est nécessaire.
Reconstruction professionnelle
La réinsertion professionnelle de personnes ayant connu le milieu carcéral est difficile car elles sont très souvent « déconnectées de l’emploi », souligne Barthélémy Delcampe. D’ailleurs, à leur sortie de prison, moins de la moitié d’entre elles (48%) possèdent un diplôme.
Pour les aider, Wake Up Café a mis en place un programme d’accompagnement « du lundi au vendredi, de 9h à 18h » dont toutes les matinées sont consacrées à la reconstruction professionnelle. C’est-à-dire des ateliers pour appréhender le monde du travail et ses codes, rédiger un CV et une lettre de motivation, apprendre à se présenter… Mais ce n’est qu’une partie du travail.
Reconstruction personnelle
C’est un secret pour personne : « la prison abîme », rappelle Barthélémy Delcampe. Avec une densité carcérale qui dépasse les 120% dans 97 établissements, d’après le rapport CESE 2019, on imagine aisément. Résultat : à la sortie de prison, une reconstruction personnelle est tout aussi nécessaire qu’une reconstruction professionnelle. C’est pour ça qu’au sein de la structure Wake Up Café, les après-midi y sont consacrée avec des ateliers d’éloquence ou de philosophie. Une pratique qui intègre la notion de désistance, un concept sociologique qui prend en compte tous les éléments qui amènent à sortir de la délinquance et qui commence à être étudiée en France, notamment par le sociologue Marwan Mohammed.
Comment les entreprises peuvent-elles s’impliquer ?
La méthode de réinsertion par le travail et avec l’accompagnement adapté fait ses preuves. Et la bonne nouvelle, c’est qu’on peut s’impliquer dedans. Surtout lorsqu’on fait partie d’une entreprise. Pour Barthélémy Delcampe, il existe trois façons de s’impliquer pour les entreprises.
- Par l’embauche
C’est la façon la plus directe de participer à la réinsertion professionnelle d’ex-détenus : les embaucher. Une vraie main tendue vers les personnes qui ont envie de s’en sortir et sont bien accompagnées dans leur démarche.
- Par le mécénat de compétences
Pour aider d’anciens détenus à retrouver le chemin de l’emploi et une place dans la société, les entreprises peuvent s’impliquer en donnant de leur temps - enfin, surtout celui de leurs salariés. C’est ce qu’on appelle le mécénat de compétences. Concrètement, ça se traduit par des ateliers animés bénévolement par des salariés de l’entreprise pendant leurs horaires de travail. Une bonne façon pour les entreprises d’impliquer également leurs collaborateurs en interne.
- Par les dons
Les entreprises peuvent également être actrices de la réinsertion grâce à des dons financiers aux associations.
Et bien évidemment, rien n’interdit de s’impliquer en même temps par ces trois moyens.
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