Apprendre à mieux se connaître pour mieux s’orienter
Un peu de théorie et de pratique pour mieux se percevoir, mieux se comprendre et mieux appréhender l’image que l’on renvoie aux autres. La recette pour faire de bons choix ?
20 janvier 2022 · Temps de lecture : 1 min

En neurosciences comme en philosophie, les notions du soi et de la conscience de soi sont à l’origine de nombreux débats. Ça dure depuis longtemps et il n’existe toujours pas de définition unique qui mette tout le monde d’accord. En revanche, quelques éléments de consensus émergent et peuvent nous aider à atteindre une meilleure conscience de nous-même dans le cadre de notre vie pro.
Je est plusieurs
Souvent conjugué au singulier, le soi est en réalité un concept multidimensionnel. Nous n’avons pas qu’un seul soi mais plusieurs avec des propriétés fonctionnelles différentes. Il existe le soi minimal ou « je » qui agit et se caractérise par le « sentiment subjectif d’être l’agent causal de ses actions ». En bref, c’est la conscience d’être à l’origine des mouvements de notre corps ou de nos pensées.
Il existe aussi le soi narratif, ou « moi », qui nous donne une vision unitaire de qui nous sommes. Le « moi » repose lui-même sur l’intégration de plusieurs perspectives : les différentes versions de nous même qui coexistent dans notre univers social. Rassurez-vous, il n’est pas question de dédoublement de la personnalité mais de la personne que vous êtes pour votre mère, votre copine, votre frère ou vos collègues. Et ça varie forcément.
La conscience de soi comme une boussole cognitive
Ces différentes formes du soi se manifestent sous différents points de vue narratif. Le « je » - le soi de l’action, donc - est en première perspective donc il n’a pas conscience de lui-même. Alors que le « moi » est en troisième perspective avec une réflexion sur lui-même. Il a ainsi conscience de sa propre existence. Par exemple, votre chat possède un sens du « je » mais pas du « moi ». Ce qui explique son impulsivité ou son intolérance à la frustration - et le fait qu’il ait fait ses griffes sur votre fauteuil préféré. Il n’est pas apte à faire preuve de réflexivité sur lui-même.
En tant qu’humain, ce « moi » nous sert de boussole cognitive. Que l’on en ait conscience ou non, il constitue le cadre de référence pour prendre toutes nos décisions. Il intègre l’ensemble de nos expériences passées pour en extraire les normes morales et sociétales du monde qui nous entoure, nos systèmes de valeurs, nos préférences et priorités, nos moteurs de motivation, et tout ce qui nous distingue et constitue notre personnalité propre.
Finalement, c’est ce qui nous permet de nous mettre en perspective pour mieux nous connaître. Et ça, c’est absolument essentiel pour bien s’orienter et faire les bons choix.
Et si on s'entraînait à la prise de perspective ?
S'entraîner à se voir sous différents angles permet de travailler une vision unitaire de tous nos soi, de les réconcilier entre eux afin d’en apprendre plus sur nos forces et faiblesses, sur nos valeurs et nos motivations. En plus, apprendre à expérimenter différentes perspectives facilite aussi notre capacité à prendre la perspective des personnes qui nous entourent.
C’est ce que l’on appelle la théorie de l’esprit. Il s’agit de notre aptitude à imaginer ce que les personnes autour de nous ressentent ou pensent sur la base de leurs comportements observables. Cette capacité est fondamentale pour nous permettre de prédire et ainsi d’anticiper les réactions des personnes qui composent notre univers social.
Pour améliorer notre prise de perspective, il faut s’entraîner. Objectif : avoir une meilleure conscience de nous-même pour mieux se raconter en entretien, faciliter les prises de décisions et renforcer nos interactions sociales au bureau.
L’exercice
1ère étape : remplir le tableau
Personnes de mon entourage professionnel | Mes forces | Mes faiblesses |
Personnes de mon entourage non-professionnel | Mes forces | Mes faiblesses |
- Pensez à votre entourage professionnel. Qui sont les 3 personnes de votre environnement professionnel les plus importantes pour vous ? C’est à dire par quelles personnes êtes-vous le plus affecté, quelles personnes ont les avis qui comptent le plus pour vous? Inscrivez leur nom dans la première colonne du tableau
- Pensez à votre entourage non professionnel. Quelles sont les 3 personnes les plus importantes pour vous, dont les avis comptent le plus pour vous ? Écrivez leurs noms dans la seconde partie de la première colonne du tableau
- Réfléchissez à la façon dont chacune de ces personnes vous voit. Imaginez vous à travers ses yeux et décrivez vous tel que vous pensez que cette personne vous perçoit dans le contexte professionnel.
- Décrivez vos forces selon la perspective de cette personne dans le contexte professionnel dans la seconde colonne du tableau. Par exemple : X est calme, déterminé, et réfléchi. Il peut déplacer des montagnes lorsqu’il est motivé par la tâche.
- Décrivez vos faiblesses selon la perspective de cette personne dans le contexte professionnel dans la troisième colonne du tableau. Par exemple : X peut se montrer obstiné, a du mal à déléguer, et manque de confiance en soi.
Attention, pour les personnes de votre entourage non-professionnel, imaginez bien la façon dont elles vous perçoivent dans un contexte professionnel, même si vous n’avez jamais travaillé avec elle. Même si vous ne les côtoyez pas au bureau ces personnes ont malgré tout une perception de vous par les récits que vous leur avez raconté.
2ème étape : l’analyse
Relisez ce que vous avez inscrit dans le tableau. Est-ce que les forces et les faiblesses décrites sont les mêmes pour toutes les personnes de votre entourage professionnel ? de votre entourage social ? entre votre entourage professionnel et social ? Si ce n’est pas le cas, réfléchissez aux raisons qui font, par exemple, que vous pensez que telle personne vous attribue une qualité ou force alors que telle personne ne vous l’attribuerait pas ?
Faites de même pour les faiblesses.
3ème étape : les conclusions
Réfléchissez à ce que vous pourriez changer pour que les forces qui vous décrivent le mieux puissent être réellement perçues dans la perspective de toutes les personnes. Pouvez-vous imaginer une façon de vous raconter, une histoire dans votre vie professionnelle, qui pourrait retranscrire et ouvrir la perspective de ces personnes sur cette qualité vous caractérisant ? Notez cette ou ces histoires narratives sur une feuille.
Réfléchissez par ailleurs à ce que vous pourriez changer pour que les faiblesses qui vous décrivent le moins bien soient atténuées dans la perspective de toutes les personnes. Pouvez-vous imaginer une façon de vous raconter, une histoire dans votre vie professionnelle, qui pourrait corriger et changer la perspective de ces personnes sur cette caractéristique qui ne vous correspond pas ? Notez cette ou ces histoires narratives sur une feuille.
À quoi ça sert ?
Avant chaque entretien professionnel, vous pouvez relire ces histoires narratives qui vous aideront à mieux vous raconter et mettre en valeur vos forces et vos qualités. Et en cas d’interaction difficile avec un ou une collègue, vous pouvez refaire cet exercice en l’incluant afin de vous aider à mieux comprendre comment interagir avec cette personne. Enfin, n’hésitez pas à discuter avec les personnes que vous avez mentionnées au cours de cet exercice pour confronter la vision que vous avez de vous même à travers leurs yeux avec celle qu’ils ont réellement de vous.
Petit bonus : cet exercice fonctionne très bien dans le contexte pro, mais s’applique aussi à tout type de contextes. Par exemple, pour caractériser les situations amicales, sentimentales, de voyage… À vous de voir.
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